Acteurs et actrices de la République des plaisantins ! Moi, le spectateur joyeux, je vous salue et vous dis que votre spectacle me plait beaucoup, surtout lorsque les acteurs politiques, eux-mêmes, se mettent en scène. Connaissez-vous Beninwwood ? C’est la plus grande et prestigieuse maison de production de films humoristiques dans le monde. C’est là-bas qu’on nous réalise des films comiques pour nous distraire. En avant-première cette semaine dans les salles de cinéma, le commandant Tchilaro vous présente « ADJAVON, LE BARON DE LA DROGUE ».
Il s’agit d’un long métrage dont la saison 1 a commencé vendredi dernier et diffusée sur les écrans de toutes chaines de télévision nationales. Au début du film, on voit un homme qui portait fièrement un casque bleu se tenir devant un conteneur bien fermé. Un gilet jaune sur une chemise manche longue, il avait dans sa main gauche une grosse pince et avait la main gauche levée en signe d’attente d’un mot d’ordre. Une poignée de personnes étaient derrière lui. Soudain, on attend en langue fon « Eya ». En cinématographie, cela signifie : « Silence, moteur, action ». Automatiquement, le bonhomme casqué s’abaisse et applique l’instrument qu’il a entre les mains contre les scellés du conteneur. Il les brise et dépose son outille au sol, et au moment où il allait ouvrir les deux battants du conteneur, un monsieur dans une tenue locale couleur bleue se dirige vers lui et lui ordonne d’ouvrir d’abord le battant droit « sinon ça va tomber », a-t-il justifié. Qu’est-ce qui allait tomber ? Personne, à part lui, ne le savait encore.
Une fois le battant droit ouvert, il invite la poignée de personnes qui était derrière lui, dont un huissier, de venir voir ce qui, de ses précédents dires, allait tomber. Il pointe du doigt un coli se trouvant à l’extrême gauche de l’entrée. « Huissier, vous êtes où ? Il faut voir le coli-là, c’est différent des autres. Première suspicion. Pourquoi c’est différent des autres ? On va faire sortir ça et vous allez voir », a-t-il déclaré avec forte conviction. Dans la foulée, les gens brandissaient leurs téléphones portables pour prendre des images du produit qui allait tomber. « Maintenant, on va descendre le coli pour tester ça », a-t-il poursuivi. Jusque-là, on ignorait l’identité du produit à tester.
C’est lorsque le Commandant du Port a convié les hommes des medias à un point de presse que le nom du coli intercepté a été révélé. « Dans la nuit du jeudi 27 au vendredi 28 octobre 2016, nous avons eu une information selon laquelle un conteneur qui devrait être dépotée dans une grande structure de la place contiendrait une importante quantité de drogue. Alors, au su de cette information, nous avons rapidement identifié le conteneur et procédé à son isolement. C’est ainsi que ce matin, nous avons procédé à l’ouverture et à la fouille dudit conteneur en la présence constante des services de l’Etat tels que la Douane, l’Unité mixte de contrôle des conteneurs, la Dsrd, la Capitainerie du port et la Direction du port. Comme bilan, nous avons retrouvé 18 kg de cocaïne pure d’une valeur estimée à environ 9 milliards de francs Cfa », a déclaré le commandant Tchilaro. Sur nos écrans, on ne voyait aucune expression de joie sur son visage, symbole de satisfaction d’avoir démantelé un réseau de trafiquants. Au contraire, il écarquillait les yeux en signe d’embarras certain.
L’instant d’après, surgit le roi de la volaille au Bénin Marina hôtel pour aussi donner un point de presse. Il hausse le ton, et proclame n’avoir commis aucun forfait. A sa sortie, il était à mille lieues de savoir la destination qui sera la sienne. Au moment où des hommes en uniforme sont venus l’escorter, le film est devenu intéressant. C’est à cet instant qu’on a su que c’est lui qui est soupçonné être le Pablo Escobar, c’est-à-dire le baron de la drogue dans notre république des plaisantins. Dès lors commence pour l’acteur principal du long métrage « ADJAVON, LE BARON DE LA DROGUE » des va-et vient incessants. Impossible pour lui d’entrer en contact avec les ministres de la République. Tous les portables étaient curieusement hors de la zone de couverture. Placé illico en garde à vue, il s’en remet à la justice pour le blanchir de cette sulfureuse affaire.
Et là, pour nous les téléspectateurs, le scénario de ce film western est bien imaginé. Son auteur est un véritable amateur qui mérite la palme de l’excellence. Bravo !!! La justice doit nous aider à connaitre son nom pour qu’il aille au prochain festival Cannes.
Et si vous n’êtes pas d’accord avec moi, le spectateur joyeux, je me fâcherai et vous dirai que, dans notre République des plaisantins, il y en a qui nous distraient à en mourir, qui nous servent des spectacles entrée libre et gratuite, qui veulent faire d’Adjavon la star d’un film western, et qu’on finira par envoyer au prochain festival Cannes pour nous ramener des prix.