L’Union africaine n’a pas accédé à la requête de l’Union européenne concernant le Burundi. L’enjeu, c’est le salaire des soldats burundais engagés dans l’Amisom, la force de maintien de la paix déployée par l’UA en Somalie. Et payés par l’Union européenne, mais plus depuis plusieurs mois. En conflit avec Bujumbura, Bruxelles voulait payer les soldats burundais en passant par l’UA et non par le pouvoir burundais. Mais l’Union africaine a dit non.
Il n’est pas question de traiter différement les Burundais des autres contingents déployés au Somalie. C’est en substance la réponse faite à l’Union européenne par l’Union africaine, qui « rejette fermement » l’initiative prise par Bruxelles et l’invite à « inverser une décision » dont les conséquences pourraient être « lourdes et négatives » sur les opérations de l’Amisom et sur le contexte sécuritaire en Somalie.
Avec 5400 soldats, le contingent burundais est le deuxième de l’Amisom. L’Union européenne était -jusqu’à il y a peu- le premier donateur du Burundi, son aide représentant jusqu’à 20% du budget national. Mais depuis la réélection contestée de Pierre Nkurundziza, en avril 2015, le pays est en crise : les violences ont fait plus de 700 morts et 800 disparus, selon les organisations de défense des droits de l’homme, qui pointent aussi les actes de tortures et les centaines de milliers de personnes qui ont dû fuire le pays.
Dans ce contexte, Bruxelles a suspendu ses aides directe à Bujumbura en mars dernier, et demandé à l’Union africaine de l’aider à payer directement les soldats burundais engagés en Somalie, sans passer par des autorités burundaises sous le coup de sanctions et susceptibles de détourner ces fonds. C’est ce que l’Union africaine vient donc de refuser.