L’élection présidentielle de 2016 déchaîne déjà les passions. Beaucoup de passions. Et une question taraude tous les esprits : Yayi viendra-t-il jouer les trouble-fêtes en vue d’un 3è mandat ? A cette interrogation, l’inamovible et indétrônable conseiller politique du chef de l’Etat préfère éviter la polémique en livrant une réponse ambiguë. Selon Amos Elègbè, «…il y aura alternance en 2016. S’il n’y a pas alternance, ce sera la faute de la jeunesse… ».
Ce qui revient à dire que l’alternance en 2016 dépendra de l’engagement politique et du combat que mènera la jeunesse. Cela veut dire encore que si Yayi doit partir en 2016, il faut que ce soit la jeunesse qui le décide. En clair, si la jeunesse décide que le chef de l’Etat fasse un 3ème mandat, cela passera comme une lettre à la poste si on s’en tient à la déclaration du vétéran Elègbè qui prend la jeunesse pour le peuple tout entier. Mais, la question que l’on se pose, est de savoir de quelle jeunesse parle réellement Elègbè ? Est-ce celle qui pour un malheureux 1000 FCFA est prête à marcher parce que faute d’emploi ou n’ayant pas de quoi s’assurer un repas par jour ? Ou bien, c’est celle-là qui crie sur tous les toits et chantent à la gloire et à la puissance du chef de l’Etat parce que voulant juste faciliter leur deal et obtenir de tel ou tel marché ? Ou encore, est ce celle-là qui va s’endetter auprès de certains opérateurs économiques et autres mécènes pour organiser des sorties médiatiques afin de soutenir de façon indéfectible les actions du chef de l’Etat dans le seul but d’avoir un petit poste quelque part? L’un dans l’autre, la jeunesse du bénin aujourd’hui, à quelques exceptions près, est réduite à la mendicité parce qu’étranglée par le chômage et n’ayant plus d’autres choix.
Cette jeunesse fragile et fébrile, se laisse facilement manipuler par les politiciens tournés vers la satisfaction de leurs intérêts inavoués. Dans ces conditions où la jeunesse se trouve affamée et sans aucune perspective d’emploi, il sera facile pour les accros du pouvoir de les manier à leur guise au moment opportun. Or, ce qui est certain, c’est que le problème de l’alternance est déjà réglé depuis 90. Et le processus est en cours dans le pays. C’est d’ailleurs ce processus qui a permis à Yayi d’être là et de faire deux mandats comme l’exige la constitution du Bénin. Donc, ce n’est pas à lui de tenter de briser cette chaîne en cherchant à avoir un 3ème mandat inconstitutionnel qui basculera le pays dans le chaos et dans le sang. Boni Yayi partira en 2016 ou non, est un débat inutile en somme. Sans importance.
Car, la constitution du 11 décembre a déjà tranché la question : un mandat renouvelable une seule fois. Donc en 2016, le pouvoir changera de main et de nom. Dire que l’alternance en 2016 ne sera possible que grâce à la jeunesse, cette jeunesse que le pouvoir rassemble au palais chaque fois qu’il y a des sujets qui fâchent, c’est donner raison à ceux qui soutiennent que Yayi ne veut vraiment pas partir et travaille dans l’ombre pour cette fin. Elègbè aurait été plus clair en affirmant tout court que rien n’arrêtera l’alternance en 2016 et cela ne déclencherait aucune interprétation. Mais en faisant cette déclaration, il n’a fait que maintenir le flou autour de ce sujet. Affaire à suivre…