(La gestion du coton doit être remise aux vrais acteurs)
Lorsqu’il s’agit de mentir au chef de l’Etat pour ses beaux yeux, certains ministres du gouvernement ne ratent aucune occasion. Dimanche encore, profitant d’une tournée
dite de prospérité à l’intérieur du pays où il a rencontré les transporteurs et les producteurs de coton dans le septentrion, le président de la République a bien voulu avoir le point de la campagne cotonnière en cours. Le comité ministériel lui a alors peint un tableau qui montre que tout va pour le mieux dans les meilleurs des mondes. Or, ce que vivent les acteurs du coton eux-mêmes, est tout autre. Rien avoir avec ce que les ministres ont servi au Président de la République. En clair, les ministres ont choisi tout simplement de tromper Boni Yayi.
Le chef de l’Etat doit être tombé des nues, à l’évocation de tous les dysfonctionnements soulevés par les producteurs du coton et les transporteurs à Parakou. Lui qui pensait pouvoir réaliser un exploit au cours de cette campagne cotonnière. Il y a manifestement une mauvaise gestion de la filière coton par le Comité Interministériel qui semble avoir fait économie de vérité au président de la République. Les acteurs du Coton ont à l’unanimité, dénoncé la mise en place tardive des intrants coton. Les transporteurs en prenant la parole ont dénoncé le non-paiement des arriérés des frais de transport. Si le ministre des finances a relevé le retard dans le paiement des fonds dus aux principaux acteurs, en mettant un accent sur le manque de rationalité dans les charges ayant entrainé une augmentation des subventions, le paiement par l’Etat béninois d’une subvention de 40 milliards de F CFA, soit une augmentation de 74% par rapport aux prévisions ; la subvention des fonctions critiques d’un montant de 3 milliards de F CFA, le lancement tardif et contreproductif des appels d’offres pour la commande des intrants coton ; la mobilisation des fonds sur le marché à l’effet du paiement des fonds coton, il est plus que évident de constater que le problème
est plutôt ailleurs.
Les résultats néfastes de cette situation
Il faut remarquer que le retard dans les paiements a entraîné la désaffection des principaux acteurs. Il ne faut pas perdre de vue que ce manque de rationalité constitue un gaspillage, voire une mauvaise gestion des ressources publiques au détriment des pauvres contribuables. Pire le niveau de subvention payée avec une augmentation de 74% par rapport aux prévisions n’est que la conséquence de l’amateurisme avec lequel la filière coton est gérée depuis les trois dernières campagnes.
Les fonctions critiques, quant à elles n’ont jamais fait l’objet d’une subvention de l’Etat, mais plutôt d’un financement par les Egreneurs. En conséquence, ces fonctions critiques devraient être prises en charge sur le budget autonome de la SONAPRA, qui est le principal acquéreur de coton graine depuis trois campagnes. Cette subvention de l’Etat n’est qu’une manière déguisée d’éviter la faillite à la SONAPRA. Le lancement d’appels d’offres à l’effet de l’approvisionnement des producteurs en intrants coton se fait en décembre de l’année n-1 et non juillet de l’année n afin de permettre aux producteurs de disposer des intrants à partir d’avril de l’année n jusqu’en juin de l’année n au plus tard.
Voilà que les producteurs se plaignent de n’avoir pas disposé de l’essentiel des intrants coton jusqu’en fin août 2015. Cet état de choses vient confirmer encore combien de fois la filière coton est gérée avec un amateurisme avéré. Si l’Etat est obligé d’aller sur le marché pour mobiliser les ressources en vue de payer les fonds dus aux producteurs, cela suscite des inquiétudes. Où sont donc passées les recettes générées par les ventes de fibre et de graines issues de l’égrenage du coton graine acheté par la SONANPRA au titre de la campagne 2014-2015?
Rappel mémoire
En avril 2006, on se souvient que Mathieu KEREKOU avait fait comprendre à l’actuel chef de l’Etat les difficultés liées à la
question du coton. Il s’y est essayé sans trouver de solution. Par conséquent, il lui souhaitait une bonne chance.
Le coton béninois est dès lors devenu une patate chaude. En somme, la gestion de la filière coton révèle des contres performances au vu des résultats financiers sous Yayi. Cela se caractérise par la mauvaise gestion des stocks d’intrants coton, source de problème d’approvisionnements de cotonculteurs.
C’est cela qui explique la complexité de la filière coton. On note ainsi un aveu public d’échec. Au vu de tout ce qui précède et sur la base également de l’aveu public d’incapacité du gouvernement actuel à bien gérer la filière coton qui constitue le poumon de l’économie béninoise, on est en droit d’affirmer sans ambages, que l’homme idéal qu’il faut pour remettre cette filière sur les rails, reste et demeure Monsieur Patrice TALON. N’est-ce pas d’un tel homme dont le pays a besoin pour amorcer réellement son développement à partir du 06 avril 2016 ?