« L’opération de mon enlèvement crapuleux avait pour but de contrôler le parlement, d’assassiner notre démocratie. C’est pour ça que j’ai refusé de fuir, de résister. Parce que si le 4 vous n’étiez pas sorti, vous n’aviez pas fait cette résistance, il n’y aurait jamais eu le 19 mai à Porto-Novo ». Cette révélation de Candide Azannaï hier en marge de son come-back politique après sa démission le 27 mars dernier de son poste de ministre de la défense, en disent long sur les stratégies ayant abouti à l’échec retentissant de Komi Koutché alors candidat au perchoir du parlement béninois face à Adrien Houngbédji.
Pour le commun des béninois, l’évocation de la date du 19 mai 2015 rappelle au peuple souverain du Bénin que c’est ce jour que le complot du mentor Boni Yayi pour imposer Komi Koutché comme président de l’assemblée nationale a été monté. S’ils avaient réussi, ils auraient ensuite créé la vacance de pouvoir afin que le chef de l’Etat Boni Yayi cède son fauteuil à Komi Koutché. La tentative d’imposer contre vents et marées Koutché au parlement était le plan A ou la première tentative d’accaparement du pouvoir. La deuxième tentative étant qu’en juillet 2015, la Cour Constitutionnelle a dans sa décision Dcc 15-156 du 16 juillet 2015, décision taillée sur mesure pour Komi Koutché pour se porter candidat à moins de 40 ans contrairement à la Constitution en vigueur dans le pays. Mais fort heureusement la mayonnaise n’a pas pris.
Car, le peuple dans tous ses compartiments s’est soulevé pour dit non à la prise du pouvoir dans les conditions qui ne sont pas celles prévues par la constitution du 11 décembre 1990. « J’étais avec un certain nombre de députés dans la maison du député, le Président Aditi Houdé Valentin pour réfléchir sur l’élection au perchoir du président Adrien Houngbédji. Je m’étais rendu à cette réunion qui a commencé à 22 heures et qui a pris fin à une heure du matin. C’est donc du retour de Calavi de chez le président Houdé que j’ai eu les premières informations. Ces informations me proposaient trois scénaris. Soit fuir de Cotonou et du Bénin, soit allé me rendre et le troisième prendre mes responsabilités », a raconté l’honorable Azannaï.
Donc c’est uniquement pour forcer la prise de pouvoir d’Etat de manière cavalière qu’on a tenté d’enlever Candide Azannaï. La suite on le sait. Les jeunes Cotonois non contents ont manifesté leur colère par des scènes de violence en guise d’avertissement aux tentatives d’exaction en préparation contre des leaders ne parlant pas à l’époque le même langage que le pouvoir de Boni Yayi. Si la sortie médiatique de Candide Azannaï ce jeudi 04 mai a déjoué tous les pronostics en n’abordant pas les raisons de sa démission récente du gouvernement du président Patrice Talon. Pour cela, l’ancien député et l’ancien ministre président de parti réserve pour plus tard des déballages.
La leçon de démocratie de Patrice Talon
Deux faits majeurs ont marqué la sortie médiatique de Candide Azannaï ce 04 mai. D’abord il y a l’autorisation de la marche et de la caravane des partisans de Candide Azannaï dans les rues par les autorités de la Mairie de Cotonou. Ensuite il y a eu la présence très remarquée du Député Orden Alladatin aux côtés de Candide et des siens. L’analyse qui se dégage de ces deux situations est que le chef de l’Etat Patrice Talon se pose en démocrate averti. C’est une leçon de démocratie que le président de la République donne à toute la classe politique béninoise par ce comportement qui restera gravée dans l’histoire du Bénin. Tout le monde sait que si c’était au temps du gouvernement précédent, on aurait refusé sans raison valable d’autoriser la marche de Candide Azannaï.
C’est la Mairie qui autorise la marche. Mais la Mairie est sous l’autorité du Préfet. Donc, la Mairie peut avoir autorisé une marche ou une manifestation et l’autorité préfectorale peut l’interdire au regard des informations en sa possession. Car, c’est le préfet qui a la police du département du Littoral qui se trouve être la ville de Cotonou. En tout cas, on peut tout dire de Patrice Talon, il vient de démontrer à la face du monde sa grandeur d’esprit face à l’observance stricte des principes démocratiques. Aux thuriféraires de l’ancien régime, on peut leur suggérer d’aller à l’école de Patrice Talon.