Loin de combler les attentes des populations qui ne demandent que justice soit fait et que les personnes impliquées dans l’affaire de détournement des fonds du projet PPEA II soient sanctionnées, la dernière lettre de Me Adrien Houngbédji, au chef de l’Etat, Boni Yayi, n’a fait qu’embrouiller tout le monde et fait planer le doute sur les réelles intentions de l’assemblée nationale quant à la levée de l’immunité parlementaire de Barthélémy Kassa.
Quelques jours après s’être adressé au Dr. Boni Yayi par l’intermédiaire de sa cellule de communication, Me Adrien a cru devoir cette fois-ci, s’adresser cette fois en personne au président de la république. Mais son courrier, loin de dissiper les doutes quant à la volonté réelle de l’Assemblée Nationale de lever l’immunité parlementaire, tend plutôt à embrouiller les béninois. En effet, quand Me Adrien Houngbédji déclare « Je forme le vœu très profond qu’une affaire de corruption et de détournement de fonds, ne serve de prétexte à une nouvelle chasse aux sorcières qui ne pourrait que troubler la paix à laquelle le peuple béninois aspire. », on se demande à quel jeu il joue. La demande de levée de l’immunité parlementaire du député Barthélémy Kassa afin que toute la lumière soit faite dans le dossier PPEA II est-elle une chasse aux sorcières ? Si tant est qu’il existe au delà des noms cités dans le rapport Kroll, « certains véritables bénéficiaires » de l’opération qui restent à identifier et à punir comme l’insinue Me Adrien Houngbédji, c’est plus que jamais le moment pour l’Assemblée Nationale de jouer sa partition en permettant aux juges de dire le droit. En outre, l’initiative de la loi appartient à la fois au gouvernement et au parlement à travers projet et proposition de loi. Il est donc bien de suggérer au gouvernement qu’il « prouve sa détermination à lutter contre la corruption et les détournements de fonds, en prenant l’initiative d’un réexamen de cette loi organique qui la rendra plus efficace, », mais rappelons que la vocation première de l’Assemblée nationale c’est le vote des lois. Il est donc loisible aux parlementaires de légiférer pour lutter efficacement contre la corruption. Au regard de ce qui précède, il est clair que Me Adrien Houngbédji est passé à côté de la plaque dans sa dernière lettre au Chef de l’Etat. Le peuple béninois veut une seule chose aujourd’hui : La vérité, mais l’Assemblée nationale semble ne pas jouer son rôle.
Sylvie Souton