Détournement de deniers publics dans l’affaire PPEA2

photos-assemblée-nationale-108Les députés de la mouvance s’opposent à la levée de l’immunité de Kassa  

-Ils se sont royalement moqués du rapport du cabinet CROLL

-L’image de l’Assemblée nationale traînée dans la boue

Après l’ouverture de la quatrième session extraordinaire de l’année hier jeudi, 20 août 2015 au parlement, les députés de la législature en cours ont saisi cette occasion pour se prononcer sur la demande du chef de l’Etat souhaitant la levée de l’immunité parlementaire du ministre, député Barthélémy Kassa mis en cause dans l’affaire du projet pluriannuel sur l’eau et assainissement (PPEA2). Suite à un débat bien nourrit, le dossier a été rejeté.

 38 voix pour et 45 contre ; c’est par ce résultat que les députés ont rejeté ce jeudi, la demande du président Boni Yayi au sujet de la levée de l’immunité parlementaire de l’honorable Barthélémy Kassa cité dans l’affaire de dilapidation de deniers publics dans l’affaire dite PPEA2. Au cours des débats organisés à cet effet, les groupes parlementaires se sont prononcé aussi bien sur la nécessité de lever l’immunité du député que sur les conditions qui doivent être réunies pour parvenir à ces fins. Selon les députés Augustin Ahouanvoébla et le professeur Mathurin Coffi Nago respectivement président des groupes parlementaires Prd et UNIPAID,  les députés doivent faire bloc autour du dossier et voter pour que le député concerné soit envoyé devant la haute cour de justice et pour être écouté. A en croire ces députés, la lutte contre la corruption doit être menée et le parlement est appelé à jouer le rôle qui est le sien pour combattre le pillage des deniers publics au sommet de l’Etat. Ne pas lever l’immunité parlementaire du député Kassa, c’est construire un lit à la corruption et à l’impunité. Mais les députés Rachidi Gbadamassi et Gilbert Bangana ne voient pas la chose de la même manière. Il faut préciser que pendant les débats généraux, les députés de l’opposition ont montré leur engagement à envoyer leur collègue devant la haute cour de justice. Et puisqu’il faut s’inscrire dans la logique de lutter contre la corruption, ces derniers ont montré l’importance à aux de voter pour la demande du chef de l’Etat. Ce qui leur permettra de soigner un tant soit peu, l’image du parlement et celle du député Barthélémy Kassa.

LES DEPUTES DE LA MOUVANCE EN DEPHASAGE AVEC BONI YAYI

 Pour le député Gilbert Bangana, les députés ne doivent se substituer au juge. Je ne vois pas ce qui urge pour qu’on lève l’immunité de notre collègue. A leur suite, plusieurs députés de la mouvance et de l’opposition n’ont pas caché leurs intentions sur la demande du président de la République. Les députés Adam Bagou, Bida Nouhoum, Benoit Dègla, Eric N’dah, Idrissou Bako et Nassirou Arifari Bako de la mouvance présidentielle ont affiché leur indignation à la demande de leur mentor politique, le président Boni Yayi tout en optant pour le rejet du dossier. S’inscrivant dans ce schéma, les députés de la mouvance, soutenus par certains de l’opposition, se sont opposés à la demande du président Yayi. Ils ont exprimé ainsi, leur opposition à travers le rejet de la demande et ce, par les résultats qui ont sanctionné le vote sur le dossier. Ces résultats qui ont donné 38 voix pour la levée de l’immunité contre 45. Pour y parvenir, les députés de la mouvance ont reçu les voix de leurs collègues Robert Gbian, René Bagoudou, Issa Salifou, Valentin Aditi Houdé et de Mohamed Atao Hinnouho de l’opposition. Le dossier est ainsi traité et vidé pour le moment.

LA MOUVANCE S’ATTAQUE AU CABINET CROLL

Lors des débats hier sur la demande de la levée de l’immunité parlementaire de l’honorable Barthélémy Kassa, des députés du pouvoir en place ont saisi l’occasion pour critiquer, dénoncer voire attaquer le cabinet CROLL ayant audité sur l’affaire de dilapidation des fonds de l’eau. Dans la plupart de leurs interventions, la majorité des députés de la mouvance n’ont pas raté le cabinet « CROLL » au sujet de son rapport à la suite de l’audition effectuée sur le dossier PPEA2 et ce, à la demande du président de la République engagé dans la logique de la lutte contre la corruption au Bénin. Mais force a été de constater que les élus du peuple de la mouvance, au lieu de développer des arguments pour sauver leur collègue mis en cause, se sont attaqués aux conclusions du cabinet « CROLL ». Pour l’honorable Gilbert Bangana, les conclusions du cabinet ont été parcellaires.  « Nous ne protégeons pas l’impunité. Mes collègues et moi, nous  devons donner un avons contraire à la demande du président de la République.  Les conclusions du rapport du cabinet CROLL sont parcellaires. Ce rapport a révélé que des forages ne sont pas réalisés. Alors que la mission diligentée sur le terrain par le gouvernement  a montré que des forages ont été réalisés ». Pour l’honorable Eric N’dah, les résultats du cabinet CROLL sont inachevés. « Ces résultats n’ont pas montré des éléments nécessaires devant incriminer le ministre » a-t-il ajouté. «  C’est une malchance pour nous d’inviter le cabinet CROLL pour venir faire l’audit sur le dossier PPEA2.  Le cabinet CROLL est très avancé dans les questions d’audit. Ils ont fait un travail bâclé. Je dirais même que le cabinet CROLL est venu piller nos ressources. On pourrait même leur réclamer nos sous ». Voilà un extrait de la déclaration de l’honorable Bida Nouhoum sur le rapport du cabinet international. De son côté, le député Benoit Dègla va proposer que le cabinet Croll vienne refaire ce travail pour lequel ils ont pris 700millions de francs CFA avant de signaler leur engagement à accompagner le gouvernement dans sa lutte contre la corruption. Une lutte qui selon lui, ne sera pas possible à n’importe quel prix.

QUAND L’IMAGE DU PARLEMENT SE TERNIT

C’est n’est pas un secret pour personne que l’image de l’Assemblée nationale prendra un coup suite au rejet de la demande du président de la République souhaitant la levée de l’immunité au député Barthélémy Kassa. Contrairement à ce qu’on pouvait constater si le parlement parvenait à envoyer le député concerné devant la haute cour de justice, l’opinion publique nationale et internationale aura désormais une autre vision des députés de la septième législature.  Pour certains citoyens, c’est le parlement qui ne voudra pas lutter contre la corruption quand on sait que le gouvernement à travers son chef, le président Boni Yayi, a déjà joué sa partition dans ce sens. En tout cas, le vote d’hier donnera une mauvaise image de l’Assemblée nationale dans l’opinion.

Akodégbè Vignon

Author: Charles

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