Dr Simon Narcisse TOMETY, Directeur de l’ENC : « Nous promouvons l’éducation civique et citoyenne »

KoupakiLa salle bleue du Palais des Congrès de Cotonou abrite le samedi 26 novembre prochain la rentrée solennelle des classes citoyennes de l’Ecole de la Nouvelle Conscience. A 48 heures de cet événement majeur qui marque le début d’institutionnalisation de l’Ecole de la Nouvelle Conscience, ENC, nous vous proposons de découvrir cette initiative exceptionnelle à travers son Directeur, le Professeur Simon Narcisse TOMETY. Interview… 

  1. Simon NarcisseTOMETY, quelle est la vocation de l’école de la Nouvelle Conscience?

L’école de la Nouvelle Conscience est une école de rupture avec tout ce qui tire le Bénin vers le bas. C’est-à-dire nos mauvaises pensées, nos mauvaises méthodes, nos mauvais outils de décision, nos mauvaises pratiques par rapport à la violation de la sacralité du bien commun, de l’intérêt général, de la personne humaine.

Cette école ne vise rien d’autre qu’à faire découvrir aux béninois les valeurs prônées dans la Constitution du 11 décembre 1990 parce que nous constatons en discutant avec les uns et les autres que la Constitution du 11 décembre 1990 est méconnue de bon nombre de cadres. Il en est de même des étudiants, des élèves, des entrepreneurs etc. alors que le comportement que chacun devrait avoir est déjà décrit dans cette Constitution.

En complément à ce qui est dit dans la Constitution, M. Pascal Irénée KOUPAKI a publié trois Livrets bleus qui synthétisent un peu sa compréhension de ce que peut être un Etat puissant, ce que peut être un citoyen vertueux, ce que doit être la qualité de la gouvernance dans un pays.

L’offre éducative de l’école de la Nouvelle Conscience repose sur les pensées publiées par M. KOUPAKI à travers ces Livrets et ce qui est contenu dans la Constitution du 11 décembre 1990. C’est donc une école de rupture, de formation au développement personnel, au leadership et surtout d’éducation à la résistance faceà tout ce qui peut affaiblir la puissance publique. M. KOUPAKI est l’initiateur de cette école, mais il a donné une prescription qui est que cette école n’est pas une école politicienne, c’est une école au service de tout le système partisan béninois, de la société civile, des individus qui ont envie de s’initier au civisme et à la citoyenneté.

Ces deux mots résument ce qu’on appelle le patriotisme. A l’école de la Nouvelle Conscience, nous essayons de propager ces notions élémentaires au sein de l’opinion publique béninoise. Et cette école est ouverte aux paysans, aux artisans, aux élèves et étudiants, aux intellectuels de différentes catégories socio professionnelles. Ce n’est donc pas une école fermée. Notre approche pédagogique a été dans une premier temps, une approche itinérante.

Quel est justement le mode de fonctionnement de l’Ecole de la Nouvelle Conscience ? En quoi est-elle différente des écoles classiques ?

Durant ses deux premières années d’existence, l’Ecole de la Nouvelle Conscience a été une école sans murs. C’est une école de la nature qui va à la rencontre des habitants pour leur porter le message citoyen et civique visant à les transformer en citoyen et par rapport à ça, nous parlons d’approche itinérante, un peu comme le nomade qui va à la rencontre de la pâture.

Vous êtes un peu comme les bergers peulhs alors….

Exact. Et d’ailleurs l’approche itinérante est inspirée par l’école de formation des enfants nomades dans le Sud du Tchad où l’école va à la rencontre des enfants peulhs aux endroits où ils marquent leurs arrêts. On les éduque sur les valeurs de la République, l’alphabétisation, les mathématiques etc.

Est-ce que ce mode de fonctionnement vous permet d’établir et d’exécuter un programme d’études annuel par exemple ?

Tout à fait. Notre programme d’éducation est basé sur une trentaine de thèmes que nous avons expérimentés parce que durant les deux ans d’existence de l’Ecole, nous avons fonctionné comme un Centre de recherches/actions en civisme et citoyenneté. Nous avons développé des outils que nous avons testé pour voir leur recevabilité et nous sommes fiers d’avoir fait ce travail.

Au bout de deux années d’existence, vous vous préparez à faire votre « Rentrée citoyenne » samedi prochain. En quoi consiste t-elle ?

Le samedi 26 novembre prochain, nous allons présenter le bilan des deux ans de l’Ecole de la Nouvelle Conscience dans sa formule itinérante. Nous allons aussi présenter les perspectives de cette école à travers un certain nombre d’innovations. Nous mettons en place un Comité Pédagogique pluridisciplinaire dont les membres sont déjà identifiés. Nous allons ensuite présenter les innovations en terme de contenu.

Désormais, ce ne serait plus seulement la formation axée sur le changement de comportement, Les jeunes nous ont proposé de les initier à l’entrepreneuriat. Pour les deux prochaines années, nous allons beaucoup plus mettre l’accent sur l’esprit coopératif entrepreneurial, le patriotisme économique, le montage des dossiers d’Appels d’offres, la conduite d’une étude de faisabilité etc. En dehors de ça, nous avons un spécialiste qui encadrera les jeunes en ce qui concerne la prévention de la corruption.

Pour aider les jeunes à régler l’épineux problème de relation de confiance   dans le pays, nous allons beaucoup plus mettre l’accent sur l’esprit coopératif, l’entrepreneuriat, le patriotisme, le civisme parce qu’on ne peut plus avoir une approche individualiste de l’emploi au Bénin. Le Bénin produit chaque année cent trente mille à cent cinquante mille jeunes diplômés sans emploi. Les opportunités d’emploi dans la fonction publique sont hyper limitées.

Dans le secteur privé, si tout le monde se met à faire individuellementla même chose, où est le marché alors qu’il y a des charges structurelles ? Dans ce contexte, autant avoir des entreprises à vocation coopérative pluridisciplinairespermettant d’éliminer certaines charges et d’élaborer un produit de synthèse de meilleure qualité.

Commet se fait le recrutement des bénéficiaires des formations dispensées ?

L’Ecole de la Nouvelle Conscience est ouverte à tous les béninois. M. KOUPAKI ne veut pas que l’école soit un instrument politique, mais un instrument au service de tout le système partisan béninois pour former des citoyens, c’est ça la vocation première de l’école.

Quelle est la durée de l’année académique chez vous ?

Notre année commence le 1er décembre et s’achève le 30 juin. Et nous avons trois types d’activités : Des activités de formation, des activités de conseil et d’accompagnement et des activités de recherche, de développement, de publication.

Après la rentrée citoyenne, vous envisagez d’organiser trois journées d’échanges les 28, 29 et 30 novembre prochain.

Durant ces trois jours d’échanges, nous aborderons la question du civisme et de la citoyenneté, la question du leadership, la question du patriotisme économique qui est une forme plus subtile et humaine de la protection de la production du pays. Le patriotisme économique vise à faire tourner les entreprises basées au Bénin.

Même si leurs produits sont de qualité un peu moindre, à force de consommer ces produits, on enrichit ces industriels et ces artisans béninois qui vont ensuite investir dans l’amélioration de leurs outils de travail. Ils vont accroître la compétitivité de leurs produits et gagner aussi des parts de marché sur le continent africain et en dehors du continent. Si nous augmentons la consommation de nos produits intérieurs, ça veut dire que nous allons moins dépendre de l’extérieur, au lieu que nos devises servent à acheter des produits de consommation, nos devises serviront à acheter les produits locaux, à acquérir des technologies.

Qu’est-ce qui vous motive à ce point ?

Nous formons les gens à la conquête du pouvoir. Notre travail consiste aussi à faire émerger dans ce pays une nouvelle race de politiciens, des politiciens passionnés par un Bénin grand, un Bénin qui rayonne. Nous voulons changer l’état d’esprit avec lequel nous prenons nos décisions et agissons.

L’école de la Nouvelle Conscience est une école ordinaire qui passe des messages ordinaires, mais destinés à toucher le cœur et la conscience de l’être et durant les deux ans, nous avons démontré que c’est une école de l’efficacité et de l’efficience. Nous avons un savoir faire à impact réel sur la population.

Les bénéficiaires de nos programmes de formation l’ont été aussi bien en français qu’en langues nationales. Nous avons des formateurs dans chacune des soixante-dix-sept communes du Bénin. Les animateurs de radios de proximité ont déjà bénéficié de nos sessions de formation. Les jeunes et les femmes en ont également bénéficié.

Professeur TOMETY, avez-vous un message à l’endroit de la jeunesse de notre pays ?

Je voudrais demander à la jeunesse de mon pays d’être une jeunesse militante pour une cause qui élève notre pays parce que aucun pays ne s’est édifié à partir d’une jeunesse fascinée par la corruption, l’argent facile, l’empressement.La vertu n’est pas dans le mensonge, dans la manipulation, dans la méchanceté.

 Propos recueillis par Evelyne Yélian QUENUM

Author: Charles

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