La position de l’ancien ministre de la justice de Boni Yayi, Victor Topanou, est claire. Il sera dans les starting-blocks de la course à la Marine en 2016. Sûr de son sujet et avec les mots savamment choisis, le professeur Victor Topanou a jeté sans détour un lourd pavé dans la marre de ces potentiels candidats qui peinent à s’annoncer.
Il s’agit d’une affaire de casseroles. De casseroles bien sales car, seuls ceux qui en ont et lorgnent ensuite le douillet fauteuil de la Marina n’arrivent jamais à s’annoncer, tellement la peur de se faire épingler très tôt, les hante. Voilà ce qu’on est en droit de retenir des déclarations du candidat Victor Topanou, dimanche dernier sur l’émission « Zone Franche » de Canal3. Avec son franc-parler, sa démarche cartésienne et sa légendaire justesse dans les propos, l’ancien ministre de la Justice de Yayi a su se démarquer de cette vision légère de voir les choses tout en souhaitant que 2016 soit désormais l’heure des Béninois nés après l’indépendance. Selon lui, cette catégorie de citoyens a aussi de quoi émerveiller la nation. Il va falloir absolument lui donner sa réelle valeur et une conséquente impulsion pour optimiser le rendement de tout citoyen afin de redonner de vitalité aux différents secteurs de développement.
Cette vision assez limpide qui se dessine des propos du futur et sûr candidat Victor Tapanou, passe en somme par un programme de gouvernance assez clair que beaucoup de candidats n’ont pas. C’est d’ailleurs l’absence d’une telle plateforme indicative qui justifie le retard que la plupart des candidats accusent à se porter au-devant de la scène. Par ailleurs, le silence des uns et des autres face aux déclarations intempestives de la ministre Fatouma Amadou Djibril quant à un éventuel troisième mandat pour Boni Yayi « si le peuple le voulait », n’a pas été du goût de Victor Topanou qui trouve qu’il faille contrer cette ambition et de fort belle manière. Malheureusement, c’est le contraire auquel qu’on assiste. Il ne peut même pas en être autrement quand on sait que ceux qui doivent se prononcer, ont de la peine à se déclarer tout au moins candidats. Il a en outre souhaité une rupture d’avec le passé électoral de la démocratie béninoise où des aventuriers sortent de nulle part pour ravir la vedette aux hommes politiques déjà consacrés. Si cela n’est pas de leur faute, ce serait alors la faute au peuple béninois qui doit comprendre que seul un président issu d’un parti politique pourrait convertir ses ambitions en réalité. L’absolu étant ici dans le relatif, le procès est alors essentiellement ouvert. Tel on fait son lit, on se couche. N’est-ce pas ?
Fatouma remise à sa place …
Désormais avant de parler sur un plateau de télévision ou sur une Radio, Fatouma Djibril doit tourner sept fois sa langue. Les déclarations dangereuses qu’elle a faites au sujet d’un hypothétique 3ème mandat pour Yayi, ont fait rougir aussi l’ancien ministre de la Justice. Pour Victor Topanou, les propos de Fatouma Djibril sont irresponsableset si on était dans un pays qui se respecte, complète-t-il, le chef de l’Etat devrait immédiatement la démettre de ses fonctions. Par ailleurs, Victor Topanou déplore amèrement le manque de coordination et de cohésion dans le Gouvernement actuel de Yayi d’autant plus que les ministres se désavouent sans cesse sur plusieurs sujets brulants de l’actualité offrant du coup un macabre et piteux spectacleà la face du monde entier.Et ça continue.
Ce genre de comportements du gouvernement et des ministres n’honore pas du tout le Chef de l’Etat et la République elle-même. C’est pourquoi l’ancien ministre de la Justice estime que les élections présidentielles de 2016, doivent être celles de la rupture intégrale avec tout le système actuel. Rupture avec les mauvais hommes. Rupture avec le mode de gouvernance actuelle. Rupture avec notre processus électoral actuel qui ne garantit aucune crédibilité, bref, il faut restaurer la responsabilité et l’image du Bénin mises en mal par 8 ans de cafouillage et de navigation à vue au sommet de l’Etat. Et cette rupture systémique, Victor Topanou y croit fermement.
2016 sera Une rupture avec le système en place …
Restaurer la crédibilité de l’Etat à partir du nouveau régime qui s’installera à partir de 2016. C’est le crédo de Victor Topanou. Avec cette déclaration, l’ancien ministre de la justice rejoint le leader des Tchoco Tchoco qui avait déjà souhaité la même chose. Citant les raisons qui sous-tendent son affirmation, il a fait savoir que le système a contribué largement ces dernières années à l’affaiblissement de la démocratie à travers la violation régulière de certains textes de la République.
Il note également que le système Yayi s’est illustré dans la caporalisation des institutions de l’Etat malgré leur autonomie reconnue par la constitution du 11 décembre 1990, la politique de l’intimidation et des déclarations de toutes sortes remettant la quiétude des populations en cause. Là-dessus, on peut bien donner raison à ce professeur d’université sur la base de quelques réalités à savoir : l’absence d’élections municipales, communales et locales depuis plus d’un an; la crise de confiance entre la cour constitutionnelle et le peuple; la suppression du droit de grève aux magistrats en cours d’étude au parlement pour ne citer que celles-là car la liste est bien longue. Vue la grande pagaille qui caractérise la gestion du pays depuis 08 ans sous le régime actuel, l’appel de Victor Topanou est salutaire et il va falloir maintenant que la même réalité puisse s’observer dans le rang des partis politiques qui tentent chaque fois de jouer le rôle des ouvriers de la vingt cinquième heure.
Victor NONGNI