Citoyens et citoyennes du royaume des plaisantins ! Moi, le spectateur joyeux, je vous salue et vous dis que votre spectacle me plait beaucoup, surtout lorsque les populations, elles-mêmes, se mettent en scène. C’est avec une nuance de colère dans la voix que j’aimerais m’adresser à vous mes auditeurs joyeux. Vous savez, ce matin, j’ai été victime d’une scène inhabituelle. En effet, à moto, mon visage qui rayonnait de bonheur reçut, contre toute attente, un drôle de liquide. Les caractères gluant et pâteux de ce liquide me donnèrent l’impression que c’était un peu de sauce gombo dont je suis friand qui se déposa sur mon visage. J’ eus même l’envie d’utiliser ma langue afin d’identifier ce liquide. Mais, rassurez-vous, je ne le fit point. Cherchant à quitter le domaine flou des impressions et des envies, je constatai, avec mes doigts, que c’était du crachat.
Je me mis alors à me préoccuper de sa provenance quand soudain, une autre volée de crachat frappa avec sauvagerie mon œil gauche. C’est à cet instant que je me rendis compte que l’auteur de ces crachats n’était qu’un passager qui était abord d’une camionette. Il s’agissait de l’apprenti chauffeur qui mangeait son cuit dent matinal. J’accélérai alors pour rattraper le véhicule. Arrivé à sa hauteur, je lui fit part de son acte malencontreux et de tout mon mécontentement. Pour faire amende honorable, il me lança égoistement en langue fon « dèdè ». Ce qui veut dire faire doucement. Mais l’état dans lequel je me trouvais, son « dèdè » ne pouvait compenser mes peines, vu que mon minois était devenu malpropre. Je lui réclamai des dommages et intérets pour cet acte réprimé par le code d’hygiène et qui m’exposait à la tuberculose. Chose curieuse, savez-vous ce qu’il me répondit ? Il me proposa égoïstement d’aller porter plainte contre lui si tant est que je veux obtenir réparation. Le cas échéant, il était prêt à se battre. N’ayant pas les mêmes aptitudes que Jacky Chan et Jet Lee, je sursis à toute envie de me bagarrer avec lui.
Pour nettoyer la puanteur de son comportement, savez-vous ce que je fis ? Je me laissai à une moue exclamative. « Sale garçon » ! ai-je lancé. Tout comme cet apprenti idélicat, bien de personnes sont des cracheurs ambulants. Dans notre royaume des plaisantins, ils sont nombreux ces conducteurs de taxi-moto que l’opinion courante appelle zéms qui narguent les règles élémentaires d’hygiène et qui crachent à l’emporte-pièce sur nos axes routiers. Ils sont nombreux ces peulhs qui se foutent de tout le monde et qui ont l’art de cracher à Zongo. Quand je vois cette saga du dispatching du crachat, ça me fait monter la colère à la gorge. C’est un attentat contre le bon sens et l’hygiène que les autorités de notre royaume des plaisantins doivent commencer par réprimer. Moi, le spectateur joyeux, que certains appellent désormais l’imbécile heureux, je voudrais proposer à Douk Saga, le ministre de la sécurité, de lancer l’opération « cracheur payeur ».
Il faut que désormais, si quelqu’un crache sur le domaine public de notre royaume des plaisantins, cela ne soit plus gratuit. Il faut qu’on instaure une taxe de 1.000 francs à l’encontre des contrevenants. Ainsi, si quelqu’un crache 30 fois au cours du mois, il devra payer au trésor 30.000 francs. Et si 10 millions de personnes doivent cracher 30 fois en un mois, imaginez un peu ce que notre roi, sa majesté Guillaume 1er, trouvera comme ressources pour financer son programme d’actions. Inutile donc de chercher des partenaires au pays du blanc. Les vrais partenaires techniques et financiers seront les cracheurs qui doivent payer pour leur manque d’hygiène. Et si vous n’êtes pas d’accord avec moi, le spectatuer joyeux, lancez-moi la première pierre.