La dernière décision des 7 sages de la Cour relative à l’âge des présidentiables aux élections de 2016, continue de susciter des remous au sein de l’opinion publique. Si plusieurs langues estiment qu’elle est biaisée, d’autres ne voient pas la décision de la même manière. La société civile et par ricochet Gustave Assah, en fait une autre lecture.
Par décision DCC15-156 du 16 juillet 2015, la Cour constitutionnelle a mis fin à l’interprétation de l’article 44 de la constitution sur les 40 ans au moins requis pour être candidat à la fonction du président de la République. En effet selon l’article 44, 4ème tiret de la constitution, il est stipulé que Nul n’est candidat à la fonction du président de la République s’il n’est âgé de 40 ans au moins et de 70 ans au plus à la date du dépôt des dossiers de candidature. Mais, avec la décision DCC DCC15-156 du 16 juillet 2015 rendue, la Cour estime que tout individu âgé de quarante ans l’année du scrutin peut être candidat à l’élection présidentielle. Une sentence interprétée de différentes manières.
Gustave Assah, président de l’Ong Social Watch a donné son point de vue sur la question. A l’en croire, la classe politique béninoise s’est prise à son propre piège. En effet, en 1990, tout porte à croire qu’à la conférence nationale au cours de laquelle, les forces vives de la nation ont rédigé la constitution béninoise, des garde-fous n’ont pas été pris pour permettre aux uns et aux autres d’éviter les débats autour de cette dernière. Mieux, la constitution elle-même porte en son sein des non-dits, qui aujourd’hui, constituent un obstacle pour le pays.
En réalité, dans d’autres pays, selon lui, tout électeur doit être éligible. C’est-à-dire, lorsque la loi permet à toute personne âgée de 18 ans et plus de voter, la même loi devrait en réalité permettre à ces citoyens d’être candidat au poste de président de la République. Puisqu’à cet âge, tout individu est censé avoir les aptitudes requises pouvant apporter un plus à sa nation. Ce qui se traduit d’ailleurs dans l’apport des jeunes à la construction de leur nation. D’où, plusieurs questions se posent.
A-t-on besoin d’avoir les 40 ans révolus avant d’être candidat aux présidentiels ? Aujourd’hui, les jeunes ont fait leur preuve dans l’administration et peuvent mieux faire que la génération vieillissante. Revoir d’ailleurs cet article de la constitution relève de la promotion de la jeunesse. Et lorsque la cour ne reverra pas ce point de notre loi fondamentale, on ne pourra jamais promouvoir la couche juvénile dont on a célébré la journée internationale ce 12 août sous le thème ‘’ Engagement civique des jeunes’’. Cela n’est pas une révision de la constitution selon Assah. La preuve, lorsqu’on aborde le 1er janvier de chaque année, l’âge de chaque personne n’est plus celui qu’il avait l’année précédente.
Par exemple, celui qui a aujourd’hui 15 ans. A partir du 1er janvier 2016 aura 16 ans, quel que soit sa date ou son mois de naissance. De plus, tout porte à croire qu’à 70 ans, l’individu est dépourvu de ses facultés pour servir sa nation. Une fausse alerte selon Gustave Assah qui en veut pour preuves plusieurs autres dirigeants qui malgré l’âge avancé dirigent des nations de par le monde.
Gustave Assah, président de Social Watch pense plutôt que cette décision de la cour est une discrimination positive pour la jeunesse et ne devrait poser aucun problème puisque les candidats, autant qu’ils sont, chacun à ses chances. Tout dépendra du projet de société de chacun, seul gage qui puisse lui permettre d’avoir l’électorat digne de briguer la magistrature suprême. Dans le même temps il, estime que cela n’arrange pas les vieux et souligne que le verrou de l’âge doit être levé après 2016. Une question qui selon Gustave Assah, relève des droits humains.