Le ministre de la communication Komi Koutché est tranquillement assis dans son bourbier communicationnel et ne s’en sort presque pas parce qu’il est vraiment difficile de prendre la défense de Boni Yayi par ces temps qui courent. L’exercice hebdomadaire auquel il s’adonne est visiblement pénible et lui-même par manque d’expérience procède par affirmations au lieu d’avoir de réserve dans ses propos. Dire que le ministre est convaincant, loin s’en faut. Peut-être parce que nous avions déjà vu quelqu’un qui est resté inégalable dans ce domaine depuis plus de dix ans maintenant.
Il est vraiment périlleux de s’aventurer sur ce chemin quand on sait que Zogang a déjà tout montré aux hommes des médias sur ce terrain. Gaston Zossou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait la diction qu’il faut, le lexique qu’il faut parce que enseignant de formation, les tournures et locutions adéquates, la force de transformer le faux en vrai et d’être convaincant là-dessus, bref Zogang laissait pantois l’auditoire, ses admirateurs et tous ceux qui le suivait à l’époque. Et en la matière tous ceux qui ont pris par ce département ministériel après ne lui viennent point à la cheville et la pire des erreurs que Komi Koutché l’actuel ministre de la communication est en train de commettre réside dans son approche trop partisane des problèmes. Pour réussir sa mission, il lui revient d’inventer une autre et nouvelle formule de communication gouvernementale surtout qu’il a affaire à un président que le canard de Mènontin a déjà qualifié de ‘’mal d’un langage incendiaire’’. Du coup, Komi Koutché en se mettant dans cette arène déjà incandescente du fait des propos de Boni Yayi devrait jouer au sapeur-pompier. La sagesse implique que lorsqu’on est appelé pour assurer l’apologie d’un pyromane, on n’en rajoute pas mais il faut arborer la tunique de sapeur-pompier et éteindre le feu. Lorsque le ministre Koutché avance et affirme que dans aucun pays au monde on n’insulte pas le président gratuitement, il montre à nous autres qu’il est très mal informé. Etant ministre de la communication, juste un clic gratuit sur Google lui permettra de savoir que des députés français ont une fois considéré et insulté leur président Nicolas Sarkozy de voyou. Ici-bas personne n’a encore cédé à cette tentative.
Ceux d’en face ne font que critiquer et ça, nul ne peut l’empêcher dans un Etat démocratique, à moins que le Bénin ne soit déjà autocratique en silence. Excusez de peu ! Depuis 2006, une certaine catégorie de Béninois pensent que nous autres sommes des mongoles et inventent des choses qui n’existent pas. En parlant de liberté au Bénin mais qui n’existe plus nulle part, Komi Koutché se leurre car, en matière de liberté d’expression de la colère, des pays moins démocratiques que le Bénin sont des exemples. A moins de cent kilomètres d’ailleurs de Cotonou, au Togo en l’occurrence les femmes ont marché nues contre le régime de Faure Gnassingbé. En digne fils de son père défunt, le président a adopté la loi de l’omerta. Aujourd’hui, les Togolais ont pu trouver un terrain d’entente. C’est cela un vrai exemple de démocratie.
Dans ce même petit Togo, les politiciens opposants à Faure Gbassingbé marchent tous les jours pour manifester leur mécontentement pourtant, est-ce que le régime de Faure a pour autant disparu ? Des exemples existent à foison surtout dans les pays anglophones comme la Ghana, l’Afrique du sud ou la Tanzanie sans oublier les pays lusophones comme le Brésil. Komi Koutché doit profiter dès lors de sa position de ministre de communication et utiliser à fond l’internet mis gratuitement à sa disposition afin de s’informer avant de se pointer devant les hommes des médias et par ricochet le Bénin tout entier pour avancer des sortilèges à réveiller un cadavre. Ce n’est que la radioscopie du début d’un apprentissage douloureux, bref d’un accouchement pénible.
Clarence DABANI