Acteurs et actrices de la République des plaisantins ! Moi, le spectateur joyeux, je vous salue et vous dis que votre spectacle me plaît beaucoup, surtout lorsque les acteurs politiques, eux-mêmes, se mettent en scène. Le riche Goliath de Tchaourou, sentant sa mort politique prochaine, fit venir ses enfants au Palais des Congrès qui est actuellement en état de délabrement avancé, et leur parla sans émotions. « Nous avons gagné de grands combats. Le combat de la scolarisation, de la santé pour tous, de la lutte contre la pauvreté de la promotion et de l’accompagnement de la gent féminine. C’est vrai, tout n’a pas été rose. Aucune œuvre humaine n’est d’ailleurs parfaite.
Mais, rendons grâce à Dieu. Je n’étais pas venu en 2006 pour servir un homme, mais plutôt ma patrie. Certains ne m’ont pas compris. Ils ont tenté de me manipuler, de me piéger. Mais, je les ai piégés à mon tour ». Voilà l’aveu d’échec que l’homme qui a passé dix ans dans le fauteuil du Gouverneur général de notre République à nous distraire avec ses multiples blagues faisait à ses compatriotes. Seulement, dans le bilan de ses actions, il a oublié de leur dire que ceux qui ont aussi tenté de l’empoisonner, il a réussi à leur empoisonner la vie. Ne jamais dire la vérité à ses enfants, même quand on est à deux doigts de sa mort, c’est cela le prototype des mauvais pères de famille. Car, ce discours du Goliath de Tchaourou est l’expression d’un père qui refuse de faire sa petite toilette devant ses enfants, au risque de se faire découvrir sa nudité.
Et ici, la nudité dont il s’agit, c’est celle d’un père qui a été incapable d’aimer d’un vrai amour ses enfants. C’est aussi la nudité de ce père qui oppose un enfant à un autre, qui chérit les uns et châtie les autres selon ses humeurs, qui fait la promotion des nuls au détriment de ceux qui sont doués à créer la richesse. C’est la nudité de ce père qui a chassé, sans aucune autre forme de procès, les enfants « rebelles » de chez lui. C’est l’image de ce père qui a passé dix ans à humilier ses enfants, à les jeter en prison. Bref, c’est un père qui a commis tous les crimes et qui, aujourd’hui cherche à se réconcilier avec eux. Car, s’étant rendu compte qu’après sa mort politique, les enfants rebelles reviendront surement à la maison pour assurer sa succession. Et, pourquoi pas, bien mâter leurs « frères de la 25ème heure ». C’est donc en désespoir de cause que ce père qui a passé tout son temps à pratiquer la politique du diviser pour régner appelle ses enfants de la 25ème heure à l’union et à réserver un accueil chaleureux aux enfants rebelles qui, de gré ou de force, viendront célébrer les funérailles du père indélicat. « Certains qui étaient avec nous au départ n’y croyaient pas et ont déserté le rang chemin faisant. Je ne leur en veux point. Nous sommes tous les mêmes. Allez leur dire que je les aime tous et je continue de les aimer comme au départ. Je comprends tout le monde, même ceux qui ont décidé de me quitter et qui désapprouvent nos actions. Je les pardonne tous. Pardonnez-les aussi.
Car nous devons cultiver la paix dans le pays. Même ceux qui sont allés jusqu’à vouloir nuire à ma personne, je leur pardonne également. Pour ceux qui pensent et qui disent que je suis fini. Ils se trompent. Je ne suis pas fini tant que vous n’êtes pas finis et vous ne serez pas finis. C’est vrai, il ne me reste plus grand temps. Mais je demeure encore le Gouverneur général, le Gouverneur de tous, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest », raisonnait-il. Etonnamment, c’est à six mois de sa fin prochaine qu’il tient un discours apaisant. Connaissant l’homme qui n’honore jamais ses engagements, moi, le spectateur joyeux, j’ai du mal à croire à la sincérité de ses propos. A mon humble avis, c’est une blague de plus qu’il nous sert. Mais, une chose est sûre, il va nous manquer ce cher Goliath de Tchaourou. Car, le 06 avril 2016 où les docteurs constitutionnels vont proclamer sa mort politique, on cessera de le voir sur les écrans de l’Ortb qu’il adore tant. De même, ses « je vous aime » vont me manquer, ses « ils ont tué le Port », ses « si je signe et qu’il y a problème, tu es un homme mort », ses « ils sont trop petits », ses « balades hélico-portées », ses « inaugurations de lampadaires solaires », « je suis l’élu légitime de la Nation », ses « je vous donne deux semaines pour finir les travaux », etc.
Et si vous ne parvenez pas à compléter la liste des actes du Goliath de Tchaourou qui vont nous manquer, moi, le spectateur joyeux, je me fâcherai et vous dirai que dans notre République des plaisantins, il y en a qui nous distraient à mort, qui, sentant venir leur mort politique prochaine, ont fait venir leurs enfants de la 25ème heure et leur parla sans émotion, qui, n’ayant rien laissé comme héritage, vont assister, en spectateur joyeux, au malheur de leurs enfants au soir du 06 avril 2016 et qui finiront par dire « si je savais » qui est la dernière phrase des dirigeants qui ne sont pas à l’écoute de leurs peuples.
Le spectateur joyeux !