Le K.O de 2011, une véritable malédiction pour le peuple

Trop c’est trop. Depuis Avril 2011, date de l’historique KO de Boni Yayi au premier tour de l’élection présidentielle pour le renouvellement de son second mandat, le Bénin connaît une série de crises interminables comme si ce passage en force n’est qu’une malédiction.

Le K.O est chaotique. Le KO de 2011 devient amer. Le KO de Boni Yayi est une malédiction pour le Bénin. Les Fons disent qu’on ne regarde pas là où on est tombé mais plutôt là où on a trébuché. Si aujourd’hui, la nation Bénin, de couleurs Vert-jaune-rouge retrouve sur son chemin malheurs et signes de destruction, c’est parce que, osons le dire, le président Boni Yayi, obnubilé et obsédé par un deuxième mandat, a pris des risques énormes, même parfois inutiles. Difficile aujourd’hui pour le peuple béninois de comprendre que malgré le niveau intellectuel du gouvernement à l’époque et surtout de son chef docteur de surcroit, on ait pu offrir sur un plateau d’or avec d’autant de bases erronées la seule richesse du Bénin à Patrice Talon : le Port autonome de Cotonou.

En 2011, le plus important, c’était d’avoir assez de moyens financiers pour faire passer de force une victoire qui, aujourd’hui a un goût amer pour le président de la République et au-delà pour tout le peuple. Mais comme il est indiscutable que c’est celui qui a créé le problème qui doit payer, seul le chef de l’Etat doit actuellement faire face à ce qu’il a généré, quitte à rendre compte au peuple qui lui a confié la destinée de ce pays. Lorsque maintenant les autorités et la première du nom avancent que c’est Patrice Talon qui a conçu le contrat et le lui a fait signer, on peut y voir une envie et une volonté délibérée de rejeter le tort sur les autres, surtout sur celui à qui les Béninois n’ont jamais confié leur pays.

Yayi est le seul fautif

Que ce soit clair. Même en faisant pendant un siècle des sorties intempestives, histoire de vouloir rejeter le tort sur Patrice Talon, les Béninois n’étant pas dupes, savent très bien que c’est le désir incontrôlé de la majorité présidentielle à occuper le moelleux siège de la Marina qui a poussé qui vous savez à pactiser avec l’homme d’affaires Patrice Talon qui, loin d’être un homme politique, est plutôt dans le business et fonctionne comme tel. Comment peut-on être si dupe et laisser autant d’opportunités à un seul individu qui en plus a déjà gagné des procès contre le Sénégal et autres, de se mettre en valeur et de montrer ce qu’il est. On n’arrache pas de jouet à un bébé aussi facilement. Pour Patrice qui est déjà le magnat du coton et des intrants sur le plan africain, rouler un Etat et son chef dans la farine est une routine.

Avec son habileté d’homme d’affaires, il a mis tous les garde-fous et avantages de son côté. Que l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) demande au Bénin de réhabiliter Bénin Control ou de payer 160 milliards en cas de refus, c’est tout à fait normal car autant la bêtise est grande, autant la peine sera lourde. Depuis 2006, année de l’arrivée au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat, ni Conseillers, ni avocats et magistrats de hauts rangs n’ont eu leur place à la Présidence la République comme sous d’autres régimes pour épauler le locataire de la maison commune. Par conséquent, dans une nation où le chef n’est pas entouré et bien entouré, on assiste à la fin qu’au spectacle triste, macabre et révoltant dans une mimique de ’’je ne sais rien’’ indigeste, constipant et saugrenu des autorités. Si ce n’est pas une parjure, ce serait de la traitrise. Pendant que le Béninois trouvait à peine une boule d’akassa à croquer dans une journée, Patrice Talon et Boni Yayi se la coulaient douce dans une amitié parfaite à donner envie aux autres Béninois. Mais aujourd’hui que tout a carburé, Yayi doit accepter sa faute et sa légèreté dans la gestion des affaires de la nation dont le devenir lui a été confié.

Le pardon de tous les dangers

Oh que oui, le pardon accordé par Boni Yayi à Patrice Talon et ses acolytes dans l’incroyable et l’invraisemblable rhétorique de coup d’Etat et d’empoisonnement, n’a pas suffi à calmer les velléités et surtout n’a pas amené la CCJA à appuyer sur la pédale de freinage. Qu’il y ait pardon ou non, la justice de l’Ohada à Abidjan en Côte-d’Ivoire a livré son verdict cinglant et suffocant pour le Bénin, son gouvernement, son chef et son peuple. Le pardon, au lieu de clore le débat, a toutes les saveurs amères et insupportables pour tous. Un pardon qui n’est que le prolongement du KO de 2011.

Car, là où combines, amitiés, soutien, argent, mauvais contrats, intérêts personnels, conflits et tribunaux se croisent, c’est le chaos qui envahit les différents acteurs qui sont appelés à payer chacun sa forfaiture. C’est à croire que le KO est un passage en force qui a défié toutes les lois de la pesanteur en réveillant les dieux si fâchés que le malheur s’abat sur le Bénin. Mais les Béninois attendent sereins que les pollueurs puissent payer. Que Boni Yayi reconnaisse sa faute de légèreté dans la gestion des affaires d’Etat, que Patrice Talon reconnaisse sa force de roublardise et qu’enfin le peuple se rende compte que son silence, aussi légendaire soit-il, qui devient de plus en plus nuisible car, tel on fait son lit on se couche.

Clarence DABANI

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