Boni Yayi et son gouvernement ont prétexté vouloir lutter contre la corruption et l’impunité pour réveiller les vieux démons et décider de poursuivre devant les tribunaux Patrice Talon pour des prétendus malversations financières et autres crimes économiques. Depuis, des voix s’élèvent pour dénoncer un énième acharnement contre le magnat du coton. Ces derniers veulent bien croire en la bonne foi de Boni Yayi, mais à la seule condition qu’il éclaire l’opinion publique sur les nombreux scandales qui ont secoué son régime pendant ses 10 ans de règne.
Avec la décision prise, lors du conseil des ministres du 25 octobre 2015 dernier, de poursuivre en justice Patrice Talon pour des dossiers supposés de malversation financière et de corruption, Boni Yayi vient de déterrer la hache de guerre contre son ancien ami et allié devenu depuis sa bête noire et son ennemi juré. Le pardon présidentiel, annoncé tambours battants, semble n’avoir été qu’un leurre, de la poudre aux yeux. Le peuple tout entier constate maintenant avec amertume que le pardon de Boni Yayi n’était en réalité qu’une comédie savamment orchestré pour divertir la galerie. Les analystes politiques n’ont pas tardé à voir dans cette décision, la volonté de Boni Yayi d’empêcher Patrice Talon de briguer la magistrature suprême.
Difficile donc de croire le gouvernement quand il affirme vouloir lutter contre la corruption et l’impunité. Sinon au lieu de s’en prendre à Patrice Talon, Boni Yayi et son gouvernement, pour convaincre le peuple, auraient bien fait de soulever les sujets qui intéressent l’opinion publique. Les béninois attendent avec impatience que toute la lumière soit faite sur la disparition de Pierre Urbain Dangnivo. Les spoliés de ICC-Services et consorts attendent de rentrer en possession de leurs sous. Affaire PPEA II, les turbines à gaz de maria Gléta, la poursuite et le jugement des personnes impliquées dans les concours frauduleux de recrutement à la fonction publique et la liste de dossiers n’est pas exhaustive : voilà autant de sujets qui attendent d’être envoyés devant les tribunaux.
C’est quand les juges vont effectivement connaitre de ces dossiers scandaleux qui ont, à un moment ou à un autre, ébranlé le régime du changement et de la refondation que les populations sauront que le gouvernement mène une lutte véritable contre la corruption et l’impunité. Une chose est sûre, cet énième acharnement contre Patrice Talon confirme s’il le faut, la conception selon laquelle, ce dernier fout toujours la trouille au locataire du palais de la marina.