Invité à se prononcer sur l’épineuse question de la lutte contre la corruption engagée par le gouvernement Yayi, le président de l’Ong Alcrer, comme à son habitude, n’a pas mâché ses mots sur les plateaux de Canal 3 hier. « Le régime en place protège les prédateurs de l’économie béninoise » a-t-il déclaré pour montrer le niveau qu’a atteint ce fléau qui gangrène tous les secteurs susceptibles d’apporter de la valeur ajoutée à notre économie. Cette déclaration vient corroborer un tant soit peu les propos du chef de l’Etat qui affirmait récemment lors d’une rencontre avec les directeurs des sociétés d’Etat, que s’il devrait publier les résultats des audits commandités depuis 2006, que la majorité de ceux-ci se retrouverait derrière les barreaux.
C’est une preuve qui montre à suffisance que la marche verte contre la corruption entre temps, n’était qu’une facétie. Nier aujourd’hui que le pouvoir en place entretien cette bête immonde qu’est la corruption, c’est se voiler la face et choisir délibérément de jouer le rôle de l’apprenti sorcier. Le second compact de Mca a été sacrifié sur l’autel de la corruption. Apparemment, tous les corps de contrôle et d’audits ont étalé leurs limites. L’Ige, l’Igf, l’Anlc, le Fonac et les autres ne font nullement peur aux prévaricateurs de l’économie nationale. Dernièrement, il a été procédé à la nomination d’un expert international en provenance de l’Etat de New-York, le compatriote Michel Dognon pour assurer une bonne gouvernance des sociétés étatiques. Ce n’est pas du pessimisme mais du réalisme. Ce dernier ne pourra absolument rien contre un système de corruption bien huilé et entretenu depuis le sommet de l’Etat. La belle preuve, il y a le dossier Sobemap qui défraie la chronique depuis bientôt un mois avec des déclarations et contre- déclarations. Le président du Fonac, Jean-Baptiste Elias fait des révélations avec preuves l’appui, le directeur de la Sobemap, Soumanou Toléba, soutenu par les syndicalistes de la structure et les « Fous du roi », les rejettent en bloc.
Dans ce méli-mélo, l’opinion publique a du mal à comprendre réellement le fond de ce dossier. Si Michel Dognon veut réellement prouver son efficacité, voilà déjà un premier dossier à saisir. Il ne dira pas qu’il attend toujours du grain à moudre. A en croire les propos de Martin Assogba sur ladite émission, il y a une justice à double vitesse. Il existe des intouchables dans la république. Point besoin de les nommer ; ils sont bien connus. Dommage !