Devoir de vérité. Feu général Mathieu Kérékou était un dictateur. Un vrai dictateur de la trempe des Mobutu, de Eyadéma hier ; de Mugabé, Nkuruziza et autre Kagamé d’aujourd’hui. Sauf que le père de la démocratie béninoise et africaine, Mathieu Kérékou, a un don. Celui de savoir écouter le temps.
Nous voici en 1972 avec la belle révolution et toutes ces chansons d’un militantisme déroutant. Le jeune militaire ; Mathieu Kérékou ; avec la voix qui transmet la frayeur, tient au respect tout un peuple avec ses dérives oratoires et comportementales.
Assassinats par ici, tortures par-là, arrestations arbitraires pour couronner toutes ses œuvres. Mais, l’homme de la victoire du 16 janvier 1977 sur les assaillants étrangers, a compris que la fin des années 80 laisse présager l’issue de son règne. Et pendant qu’une décadence de tout genre a pris place dans la cité, le général a connu la plus spectaculaire des mutations en arborant contre toute attente, le manteau de démocrate.
Qui peut se l’imaginer ? Le Bénin de ses aïeux est devenu le laboratoire de la démocratie parce que le général l’aurait voulu ainsi. Il pouvait choisir la voie de la résistance et du jusqu’au boutisme. Mais non. Mathieu Kérékou a opté pour le dialogue. Redevenu président en 96, il a aujourd’hui le mérite d’avoir permis à la démocratie béninoise de s’enraciner définitivement. La presse en a eu son compte, même si l’âme des Togbadja, des Michèl Aïkpé et autres ne cessent de pleurer sur l’autel d’une dictature, véritables prémices de cette démocratie apaisée.
Ainsi va le lourd testament du général.