Le discours du pape François pour sauver la Planète bleue (1ère partie)
Avec un peu plus de sept (7) milliards d’individus, la terre est sujette à différents problèmes qui la fragilisent. Seuls quelques-uns de ses habitants sont conscients du fait qu’il faudrait la protéger afin de bénéficier le plus longtemps possible de ses avantages. L’Eglise Catholique n’est pas restée en marge de cette action, grâce à son premier responsable, le Pape François qui a consacré à la planète bleue une encyclique digne de son rang.
Par son Encyclique publiée le 18 Juin 2015, le Pape François a lancé à la fois un appel et attiré l’attention des terriens à divers niveaux afin qu’on se dise qu’on est concerné par les problèmes qui minent la terre et que l’on se doit de faire de notre mieux pour sauvegarder les ressources pour que la survie des générations présentes et futures ne soit pas hypothéquée. Cette encyclique se résume en dix (10) points tels les dix commandements remis à Moise pour les hommes. Mais, cette fois ci, ces commandements sont ceux qu’il faut respecter pour la sauvegarde de l’environnement. Cette encyclique s’articule comme suit :
- Tu sortiras le monde de l’indifférence
«La terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir», «Nous n’avons jamais autant maltraité ni fait de mal à la planète que depuis ces deux derniers siècles»
Le diagnostic du pape sur «l’intensification infinie des rythmes de vie et de travail» est impitoyable: des modes, devenus déments, de production, de distribution et de consommation se traduisent par une détérioration constante de l’environnement, par une qualité de vie qui se dégrade, par une croissance «démesurée et désordonnée» de grandes villes désormais insalubres, par une rupture des liens d’intégration, une exclusion et une fragmentation sociale, un accès à l’énergie inégal, de nouvelles formes de violence et d’agressivité sociale.
Le pape souligne en particulier le lien entre la dégradation de l’environnement et le drame très actuel des migrants:
«L’augmentation du nombre de migrants fuyant la misère est tragique. Ces migrants ne sont pas reconnus comme réfugiés par les conventions internationales et ils portent le poids de leurs vies à la dérive, sans aucune protection légale. Malheureusement, il y a une indifférence générale face à ces tragédies. Ce manque de réactions est un signe de la perte de ce sens de responsabilité à l’égard de nos semblables, sur lequel se fonde toute société civile».
Les solutions concrètes à la crise environnementale existent. Mais, déplore le pape, elles reculent devant «la mondialisation de l’indifférence», devant la coalition des intérêts les plus puissants, devant «la résignation facile», devant la confiance aveugle dans le progrès indéfini et une croissance durable et profitable qu’il tente de démystifier.
- Tu lutteras contre le réchauffement climatique
«Si la tendance actuelle continuait, ce siècle pourrait être témoin de changements climatiques inédits et d’une destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous. L’élévation du niveau de la mer, par exemple, peut créer des situations d’une extrême gravité si on tient compte du fait que le quart de la population mondiale vit au bord de la mer ou très proche, et que la plupart des mégapoles sont situées en zones côtières».
Le réchauffement climatique est donc bien la plus grave menace qui pèse sur la planète. Le pape règle leurs comptes aux «climato-sceptiques». Pour lui, le doute n’est pas permis: le réchauffement est dû à l’activité humaine, à la trop grande concentration de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane notamment), à l’«utilisation intensive» de combustibles fossiles «qui constitue le cœur du système énergétique mondiale», à la déforestation. Le pape prend position pour un accroissement des sources d’énergie alternatives et renouvelables. Face au risque de remise en cause des écosystèmes, l’humanité est appelée, dit-il, «à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent et l’accélèrent».
- Tu approvisionneras en eau la terre entière
«L’accès à l’eau potable et saine est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes et qu’il est, par conséquent, une condition pour l’exercice des autres droits humains».
Conséquences du réchauffement climatique, les épisodes plus nombreux de sécheresse et l’épuisement des ressources en eau et autres ressources naturelles font partie des menaces les plus graves. Le pape consacre de longs développements aux difficultés d’approvisionnement en eau potable de populations du globe parmi les plus déshéritées. Pour lui, le monde a une «grave dette sociale» envers ces populations qui ne disposent pas de ressources en eau, parce que «c’est nier leur droit à la vie enraciné dans leur dignité inaliénable». A échéance de quelques décennies, les pénuries et la bataille pour le contrôle de l’eau risquent de précipiter le monde dans l’un des plus rudes conflits de ce siècle. François manifeste une inquiétude également vive pour la pollution marine, les risques d’extinction de la biodiversité et il met en cause en particulier la déforestation, les monocultures agricoles, les déchets industriels et les «méthodes destructives» de la pêche.
- Tu remettras au centre la place des pauvres
«Lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait de la nourriture à la table des pauvres.», «Il faut écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres.»
Le niveau actuel de consommation des pays développés et des secteurs les plus riches de la société se traduit par «une habitude de dépenser et de jeter qui atteint des niveaux inédits». Mais le pape ne s’attaque pas seulement au gaspillage et à l’utilisation égoïste des ressources de la planète. Il désigne les principales victimes: les pauvres.
5. Tu combattras le mythe du progrès infini
«Personne ne prétend vouloir retourner à l’époque des cavernes, cependant il est indispensable de ralentir la marche pour regarder la réalité d’une autre manière, recueillir les avancées positives et durables, et en même temps récupérer les valeurs et les grandes finalités qui ont été détruites par une frénésie mégalomane».
Le pape dénonce ainsi «l’omniprésence du paradigme technocratique» selon lequel tous les problèmes environnementaux seront, un jour, résolus par la croissance durable et les progrès de la technologie. On n’en a pas fini, écrit-il, d’examiner les racines profondes des dérèglements actuels, liés à l’orientation, aux fins, au sens et au contexte social de la croissance. En effet, la science et la technologie ne sont pas «neutres». Elles visent à la constitution de profits, sans attention suffisante aux conséquences négatives. Le résultat est qu’on aboutit à la fois, dans les parties riches du monde, à un «surdéveloppement, où consommation et gaspillage vont de pair», et, dans les parties pauvres, «à des situations permanentes de pauvreté et, malgré les programmes sociaux, à une misère déshumanisante»
Pourtant, la confiance naïve dans la croissance indéfinie et le progrès technologique écrase toute la réflexion économique et politique. Le pape ironise sur ceux qui pensent que la seule croissance du marché finira par résoudre tous les problèmes de la faim et de la misère. «Le marché ne garantit pas en soi le développement humain intégral, ni l’inclusion sociale», écrit-il. Le développement intégral passe par la lutte en faveur d’une juste dimension de la production, d’une meilleure répartition des richesses, d’une sauvegarde responsable de l’environnement et les droits des générations futures.