Aujourd’hui, le devoir m’oblige à mêler ma voix au débat pluriel de l’amour. Je sais que c’est un exercice pustuleux que de se prêter au jeu compliqué des définitions. Mais, lorsqu’on est un enragé du risque, on met la peur au rebus. Ainsi, sans être l’interprète des mots, je dirai que l’amour est un profond sentiment d’attachement qui mêle, à la fois, émotion, passion et affection.
Avant l’homme, existait l’amour. Avant l’amour, existait le créateur de l’amour. Avant le créateur de l’amour, existait Dieu. Car, Dieu est amour et, l’amour est dans l’air, l’eau, le feu. A cause de son ubiquité, il a reçu l’ordre du créateur suprême d’élire domicile dans le cœur des Hommes afin que toute personne qui lui ouvre les portes ne se rebelle jamais contre son Dieu. Mais, puisse jouir avec plénitude de ses grâces.
Pour ce faire, ceux qui rêvent d’avenir et de bonheur doivent emprunter le chemin de l’amour. Ce n’est nullement un conseil. C’est un commandement Divin : « Aimez-vous les uns les autres ». A ce propos, dire « je t’aime » à quelqu’un doit émaner de la profondeur du cœur. Or, que constatons-nous par rapport à l’usage du « je t’aime » ?
L’économiste béninois Gédéon AHOSSIN s’est penché sur la question en écrivant : « Au fait, aujourd’hui, J’AIME ou J’AIME PAS se dit à tort et à travers à telle enseigne que JE T’AIME devient le seul biscuit qui se partage entre les personnes de sexes opposés ».
Eh oui ! Avec mélancolie, on découvre que « je t’aime » est frauduleusement utilisé. Du coup, c’est l’amour qui est méprisé, giflé, ligoté et jeté dans l’océan des pulsions sexuels et matérialistes.
En effet, sans avoir de bouche, le cœur, chez, certains, a cessé de parler, transmettant, du coup, le flambeau à la raison. Cela charge mon esprit de perplexité. Car, quand un jeune homme formule l’expression « je t’aime » à une jeune fille, il le dit avec une voix sèche et sans émotion. La raison est toute simple. Dans sa tête, il ne pense qu’au plaisir charnel. Et là, je suis en accord de violon avec l’artiste ivoirienne SAVAN’ALA qui a chanté : « Les hommes n’ont plus rien dans le cœur. Ils ont tout en bas ».
De l’autre côté, permettez-moi de dire que les femmes aussi n’ont plus rien dans le cœur. Elles ont tout dans la tête. Elles sont plus mathématiciennes que Pythagore et Thalès réunis. Quand la jeune fille commence à bercer un jeune homme avec toute sorte de qualificatifs tels « chouchou », « bébé », « mon cœur », « mon poumon », « ma gencive », cela est toujours guidé par des considérations tactiques. Car, dans sa tête, elle pense d’abord aux billets de banque avant de penser au sexe.
Le journaliste Marc GNIMASSOUN connaît tellement leur stratagème si bien qu’il a écrit à leur encontre en disant : « Les jeunes filles d’aujourd’hui ne trouvent mieux que de se faire envoyer en l’air telle une abeille qui finit de sucer le nectar ».
Heureusement, moi, je n’ai pas de nectar. C’est peut-être pour cette raison qu’elles ne courent pas derrière moi en me disant : « chouchou », « carotte », « bébé », « bonbon », « youki », « mon cœur », « mes oreilles », « mon coq », « mon lapin », « mon écureuil » et, pourquoi pas, « mon cercueil ». Je préfère qu’on ne me flatte pas avec ces adjectifs ennuyeux afin de ne pas avoir mauvaise conscience dans ma vie de couple. Car, ces files abeilles sont à l’origine des problèmes conjugaux.
Avis donc à ceux qui ont de nectar. Car, les filles abeilles sont là, aux aguets et, sachez-le, elles ne sucent pas que le nectar. Elles sucent aussi les os.
Par Joël Samson BOSSOU