Les Maladresses du premier ministre !

Lionel-ZinsouLes dictons de notre riche patrimoine culturel ont réglé bien de détails dont la méconnaissance est  souvent à l’origine des controverses inutiles. Connaitre ces bribes de sagesse exige de la personnalité qui se veut politique, une écoute assidue, un long vécu, et une expérience pratique des populations à la base. Parmi ces dictons, il y a un célèbre  qui enseigne que  lorsqu’on  s’éveille d’un sommeil profond, il faut avoir l’intelligence d’émerger de la somnolence, afin de ne pas demander à une assistance stupéfaite de couper la poire en trois, alors qu’il n’y a rien à partager.  Un conseil pratique qui vaut tout son pesant d’or, parce que quand votre opinion n’est pas nécessaire pour faire avancer une cause qui gagne du terrain et s’impose toute seule de par sa force conceptuelle, vous devenez la risée de toute une nation.  Par ces temps où les valeurs morales et le sens de l’éthique dans la gestion des affaires publiques connaissent une chute libre, c’est le pain de savon capable de nettoyer en profondeur les salissures héritées d’anciennes pratiques, qui est sollicité pour lessiver une conscience nationale devenue problématique.
C’est ce détail qui fut préjudiciable au tout nouveau Premier Ministre du Bénin, Lionel Zinsou, et qui le précipita intellectuellement désarmé face Pascal Irénée Koupaki, sur le champ de bataille de la Nouvelle Conscience dont il ignore les coins et recoins.
Le terrain politique répond à des exigences tactiques. Lesquelles contraintes veulent toujours que vous jouiez, en premier, les cartes de vos détracteurs, tout en gardant les vôtres pour l’estocade finale. Dans le cas de figure, cette stratégie oblige à rester en adéquation avec les chiffres évoqués par l’homme de Paris lors de sa sortie médiatique manquée sur la chaîne nationale. Le but, c’est de faire corps avec  le peuple épuisé par les effets secondaires de tant de remèdes inappropriés, et  précipité par ignorance des réalités qui sont siennes, dans un ubuesque diagramme des valeurs morales. Il n’y a rien à dire.
 Les 0,01% des Béninois gangrenés par la corruption et la mal gouvernance, débarrassés de toute exemplarité dans la conduite des affaires de l’Etat sont dans la même calebasse que les 99,99% vertueux. Les cauris sont jetés, les oracles consultés, et le présage est sans ambiguïté. De l’empoignade des idéaux de la Nouvelle de Conscience, d’avec sa pâle copie que Lionel Zinsou tente d’inoculer à la masse heureusement immunisée contre les controverses tendancieuses, il n’y aura qu’un vainqueur : la vérité. Dans sa belle envolée lyrique pour justifier sa théorie des 0,01% de pourris contre les 99,99% de vertueux, qui n’ont besoin d’aucune réforme, Lionel Zinsou commet une maladresse, excusable pour cause d’éloignement des réalités socioculturelles de l’individu béninois, en choisissant l’aspect religieux comme  principale unité de  mesure des valeurs morales. Et c’est là que le bât blesse.
La religion pour le commun des mortels est synonyme de vertus. Le standard. D’ailleurs c’est ce qu’enseignent toutes les écritures saintes, et sur ce point les avis s’accordent. Par contre, et il faut le noter, entre Paris et Cotonou, les réalités peuvent souffrir du décalage horaire. Et c’est ce qui s’est produit lors de ce malheureux entretien avec lequel il faut s’empresser de finir et penser à réformer tous les Béninois pour en sortir de véritables citoyens. Sous nos cieux, les églises, les temples, les couvents vaudous et mosquées ne sont pas pleins à craquer les jours de cultes, parce que les gens sont vertueux. C’est un courant de pensée bien occidental à qui il faut une acclimatation. Les gens se réfugient dans les lieux de cultes sept jour sur sept pour de multiples raisons qu’il convient ici de passer aux peignes fins. D’un côté il y a ceux qui, en absence de modèles de références sont devenus paresseux, et ne croient plus en leur capacité à faire bouger les lignes par la force du travail bien fait. Ceux-là, plus portés sur le matériel, croient que la réussite sociale et le salut se trouvent dans  la prière intempestive et polluante pour l’environnement. Ils n’ont aucune notion de l’amour du prochain et de la patrie et n’aspirent qu’à l’accumulation de biens matériels. Ensuite viennent ceux qui remplissent les lieux de cultes, à la recherche de la protection, et de la délivrance des démons qu’eux-mêmes ont contribué à enfanter par des choix périlleux qu’ils ont trop tôt oublié. Enfin pour fermer la marche, il y a la portion chétive de ceux qui recherchent réellement la vertu pour en faire l’essence même de leur mode de vie. Ils ne sont pas nombreux.
Le débat sur le concept de la Nouvelle Conscience qui recentre tout un peuple sur les valeurs morales et éthiques est donc au-delà des considérations religieuses subjectives. C’est un débat républicain qui exige du concret. Ceci étant, il concerne tous les béninois qui ont bien besoin d’être tous réformés, à commencer par les dirigeants qui ont l’obligation de servir d’exemples. Sans oublier les bénéficiaires de microcrédits évoqués par le Premier Ministre Lionel Zinsou, qui oublie que ses clients à l’intérieur du pays se dédoublent, font des cartes de membre non seulement pour eux, mais aussi pour leurs enfants, leurs proches parents, pour être finalement seuls bénéficiaires de tous ces crédits cumulés, privant ainsi de potentiels bénéficiaires du sésame qui sauve. Nous devons donc nous investir dans l’acquisition des Vertus, et à tous les niveaux. Prendre tous ensemble le chemin de la Vertu, c’est nous engager à transformer notre Etre. Car la démocratie sans Vertu partagée, sans justice et sans discipline de groupe comme aujourd’hui, ne conduit pas à la transformation désirée de l’Etre, de notre manière d’être et d’agir. Il faut croire en nos capacités à relever cet immense défi. Le temps presse. Il a passé depuis le cap des controverses. La rupture est possible.
Il reste une étincelle.

Author: Charles

Share This Post On
468 ad

Submit a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *