Dans sa belle envolée lyrique pour justifier sa théorie des 0,01% de pourris contre les 99,99% de vertueux, qui n’ont besoin d’aucune réforme, d’aucun changement de comportement, bref qui n’ont pas un problème de conscience, Lionel Zinsou commet une malheureuse maladresse et une dérive qui achèvent de le discréditer profondément aux yeux du peuple béninois. Face aux scandales de tous genres sous le régime Yayi, la corruption, le détournement honteux de l’argent des Pays-Bas, la mauvaise gouvernance, la médiocrité, le gaspillage et le clientélisme à haut débit dans l’administration béninoise, le premier ministre trouve aujourd’hui que les béninois n’ont pas un problème de conscience. Une mauvaise manière de tacler Pascal Koupaki. Et pourtant le peuple s’accorde à reconnaître aujourd’hui que pour le salut du Bénin dès 2016, il faut la restauration des valeurs morales et de l’éthique, donc une nouvelle conscience…
Déconnecté des réalités socio-culturelles des béninois, le premier ministre a du mal à retrouver ses repères depuis qu’il a été débarqué de la France pour siéger dans le gouvernement de Yayi. Invité sur la radio nationale dans le cadre de la célébration de la fête de l’indépendance, il a encore montré à la face du monde ses limites relativement à la mission qui lui a été confiée. Même si le poste est anticonstitutionnel, être premier ministre au Bénin n’est pas une partie de plaisir. Cela suppose la maîtrise d’un certain nombre de leviers susceptibles d’impacter positivement le quotidien des béninois. Mais Lionel Zinsou dispose-t-il de ses leviers ? Pas si sûr. Et s’il ne revoit pas vite son discours et l’adapte aux exigences et aux besoins ainsi qu’aux attentes des béninois, il court alors de gros risques de perdre toute sa crédibilité. En effet, comment le premier ministre peut-t-il affirmer que c’est seulement 0,01% des béninois qui ont problème de conscience ? Si ce n’est pas de l’insulte à l’intelligence nationale, cela doit être alors une plaisanterie de mauvais aloi. A y voir de plus près, on a l’impression que ces propos visent d’autres motifs inavoués. Pourquoi, c’est aujourd’hui où le concept de la nouvelle conscience promu par Pascal Koupaki et qui fait tache d’huile sur l’ensemble du territoire national que le Lionel Zinsou a jugé opportun de tenir ce genre de discours ? Il n’y a rien sans rien, et ne fait rien pour rien. Et le premier ministre est le seul à maîtriser les tenants et aboutissants de sa déclaration. L’un dans l’autre, cette polémique inutile qu’il a soulevée touche directement à l’image de marque de l’ex premier ministre Pascal Koupaki. Mais comme de l’eau versée sur le dos du canard, ce sont les béninois eux-mêmes qui recadrent Lionel Zinsou sur cette incohérence verbale. Sur les réseaux sociaux, aucun internaute ne le ménage. « Si c’est pour saboter le concept de la nouvelle conscience de Koupaki, le premier ministre a raté sa cible », a laissé un analyste et professeur d’université. Car, du nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, les béninois aspirent, dès 2016, à une rupture avec le mode de gouvernance actuelle du pouvoir en place avec à la clé la restauration des valeurs morales et de l’éthique. En un mot, une nouvelle conscience dans la gestion des affaires publiques. Mais en soutenant que c’est seulement 0,01% de béninois qui sont concernés par le problème de conscience, Lionel Zinsou semble semer le cafouillage et embrouiller le peuple. Mais la pilule ne passe pas. Elle ne peut même pas passer.
Lionel Zinsou se trompe de route
Dans un contexte où l’économie nationale a du plomb dans l’aile, le chômage des jeunes voltige de record en record et que l’insécurité côtoie le quotidien des béninois, il y a pas un problème de conscience, selon le premier ministre. Quand on n’a pas d’argument face à des questions existentielles des populations surtout comme celles du Bénin, le cafouillage et le l’embrouillamini restent le seul recours. Et c’est ce qu’on note dans la déclaration du premier ministre. Que les cadres de l’administration détournement l’aide des Pays-Bas et que la coopération entre les deux pays soit suspendue, il n’y a pas un problème de conscience. Que les populations soient arnaquées avec la complicité du régime dans le scandale ICC-services et consorts, ce n’est pas un problème de conscience. Que la voie Pahou-Ouidah soit lancé depuis on sait quelle année et qu’elle n’est pas encore achevée alors que les populations en souffrent, ce n’est pas un problème de conscience. Que les concours soient organisés frauduleusement et annulés grace à la pression de la rue, ce n’est pas un problème de conscience. Que la justice soit instrumentalisée, ce n’est pas un problème de conscience. Que les institutions de la République ne soient respectées, ce n’est pas un problème de conscience. Que la séparation des pouvoirs ne soit pas la chose la mieux partagée sous nos cieux, ce n’est pas un problème de conscience. Que l’éthique et la morale ont déserté carrément le forum, ce n’est pas un problème de conscience. Que la personne humaine et les biens publics ne soient sacrés et inviolables au Bénin, ce n’est pas un problème de conscience. Que les jeunes manquent du boulot alors que les opérateurs économiques nationaux soient traqués fiscalement, ce n’est pas un problème de conscience. Quand les personnes qu’il faut ne pas à la place qu’il faut, ce n’est pas un problème de conscience. En tout cas, dire aujourd’hui que c’est seulement 0,01% de béninois qui sont concernés par le problème de conscience ressemble à une espèce d’aberration intellectuelle qu’il faudra éradiquer. Aujourd’hui, le peuple béninois se retrouve entre dégoût et désespoir, et il faut forcément un autre chemin pour remettre les choses en ordre et lui redonner espoir. Ce chemin n’est autre que le changement de comportement. Celui qui a parlé de la nouvelle conscience n’a pas tort. Le Bénin a en besoin pour son décollage. En effet…