Avec son effet boule neige, la grève suit inexorablement son cours, bouscule toutes les habitudes, désarticule les maillons de la chaine sociale, réveillent les pulsions enfouies et plonge la nation béninoise dans l’abîme. Beaucoup de Béninois ont parlé. Qui, pour envenimer la situation comme les ministres en perpétuelle tournée pour expliquer aux populations illettrées le mélodrame qui se joue dans l’arène surchauffée de l’administration béninoise, qui pour proposer des solutions de sortie de crise et parlant exactement de porte de sortie équilibrée et équitable pour les deux protagonistes. Seul un avocat béninois s’est démarqué du lot. Il s’agit de maître Sadikou Alao avec sa potion magique pour endiguer la colère suscitée par les défalcations sur salaire opérées par le gouvernement.
L’homme, en personnalité avertie, n’a pas usé du langage cassé et casseux, voire oiseux de ceux qui pensent qu’il faut mettre la balle à terre. Mais de son avis, le gouvernement à défaut de ravaler automatiquement ses vomissures en rétrocédant les défalcations, peut les échelonner ou demander aux travailleurs de faire des heures supplémentaires pour une compensation équitables pour tous. En tout état de cause, cette proposition semble jusqu’à preuve de contraire, la seule qui tient la route actuellement quand on sait que chaque camp a cristallisé ses énergies et est prête à l’affrontement, en témoignent les deux rencontres de négociation Gouvernement-Syndicats. Et au lieu d’explorer la piste du premier responsable de Gerddes-Afrique, négociateurs croulants et ministres sans charisme, déboussolés se cherchent devant des syndicalistes surchauffés, belliqueux et inassouvis. Le cocktail est détonnant. Le régime en place doit écouter cette voix salvatrice de Me Alao qui semble résonner dans le désert ou adresser à des Béninois en conflit mais devenus subitement sourds. Attention ! La solution est à nos pieds. A force de la chercher loin sans regarder où l’on pose ses pattes, on finira par tomber dans un trou, ce qui n’est pas souhaitable. En attendant, les tribunaux sont fermés, les morts se comptent dans les hôpitaux et pendant deux lunes toutes entières la petite école s’est endormie. La faute à tous, sauf à Me Alao qui a déjà tiré son épingle du jeu.
Je le jure !
Alladé Hervé