Acteurs et actrices de la République des plaisantins ! Moi, le spectateur joyeux, je vous salue et vous dis que votre spectacle me plaît beaucoup, surtout lorsque les acteurs politiques, eux-mêmes, se mettent en scène. Dire aujourd’hui que le Goliath de Tchaourou a une profonde aversion pour le mot « Talon » n’est plus un secret de polichinelle. A l’évocation de ce mot, « Talon », il devient rouge de colère et ne veut plus entendre raison.
Et pour cause. Le talon, c’est un genre de chaussure qui fait assez de bruit et qui, en cas de fausses manœuvres, est susceptible de vous faire tomber. Etant un chef qui a une profonde inclination pour les maladresses, le Goliath de Tchaourou, notre Gouverneur général, a préféré, en homme prudent, se débarrasser du Talon qu’il avait porté, devant caméras et micros, dans la boue du Pvi et du coton. Mais, bizarrement, ce Talon, qu’il avait, entre-temps, jeté dans la poubelle des exilés de notre République des plaisantins, est réapparu, sans aucune autre forme de procès, et tourmente ses nuits. Ainsi, depuis le mois d’octobre dernier, il ne voit que du Talon qui le pourchasse dans ses rêves. Et du coup, une sorte d’insomnie incrédule s’est emparée de lui et le convie à des actes auxquels, lui-même, ne parvient pas à donner de sens.
Tenez ! Désormais, avant de se coucher, il vérifie d’abord si Talon n’est pas, par hasard, caché sous son lit. D’autres renseignements qui me sont parvenus font état de ce que notre Gouverneur général a renforcé l’équipe qui assure sa sécurité. Il ne mange plus à la maison, parce que, m’a confié un de ses proches parents, il voit Talon dans son repas. De même, avant de porter un habit, il vérifie d’abord si cela ne porte pas la mention « Je suis Talon ».
Au portail de son domicile, il est loisible de lire : « Visiteurs ! Talon à terre… » Quant aux organes de presse qui font l’apologie de la grosse talonnade, il les appelle les « TALONCULTEURS » et est entré en guerre avec eux. Déjà, l’un d’entre eux, « Le Malinal » en l’occurrence, fait les frais de cette talonphobie qui a attaqué le premier des citoyens de notre République des plaisantins. Il y a deux semaines, on ne sait quel virus l’a piqué, il a ordonné à la HACHE d’aller fermer cet organe de presse qui nourrit des milliers de nos compatriotes, juste parce qu’un journaliste a déclaré qu’on est dans un Etat voyou. J’apprends aussi que le Goliath de Tchaourou, l’homme qui ne jure que par la « politique spectacle » pour afficher son leadership, promet fermer, dans les jours à venir, la chaîne de télévision privée que d’aucuns qualifient de « Talon Tv ».
Cette talonphobie est en train d’atteindre son paroxysme. Car, certaines langues m’ont fait la confidence selon laquelle, quand quelqu’un chie et que ça sent un peu mauvais, le chef, en éclaireur, dit : « C’est Talon qui a fait ça ». Quand, en cette période de petite saison de pluies, la chaleur s’impose à tous, la réponse du Goliath de Tchaourou est sans équivoque : « C’est Talon qui est à la base des changements climatiques ».
Quand le grand marché de notre République des plaisantins a subi la rigueur d’un incendie surgi de nulle part, le chef a été formel : « C’est Talon qui a commandité ça ». Lorsqu’il a appris que quelqu’un a volé un mouton à Zongo, sa réponse n’a pas varié : « Allez chez Talon, vous allez trouver ça, parce que voler, c’est sa spécialité ».
Lorsqu’avant-hier, il y a eu panne d’électricité à l’aéroport international BCG, il a signifié à ses enfants de chœur que cela ne pourrait être que l’œuvre de Talon. Pour le Goliath de Tchaourou, si les enseignants sont en grève, c’est Talon qui est l’instigateur. Si les Ecureuils ont été battus 3-0, c’est Talon qui leur a demandé de mal jouer. Bref, la talonphobie du locataire de notre Malina devient inquiétante, et il faut les médecins lui viennent en aide.
S’ils ne le font pas, je me fâcherai et vous dirai que, dans notre République des plaisantins, il y en a qui nous distraient à mort, qui, voyant leur mort politique prochaine s’approcher à grands pas, sont atteints de la talonphobie, et qui, si les médecins n’inventent pas, très tôt, de la TALONQUININE, finiront par contaminer tous leurs concitoyens.
Le spectateur joyeux !