(Yayi tente vaille que vaille de se racheter auprès d’un peuple déçu)
Au fur et à mesure qu’on se rapproche de la fin de son second et dernier mandat présidentiel, le chef de l’Etat, Boni Yayi, multiple les actions gratuites en faveur des couches sociales. Lesquelles œuvres montrent leur inutilité dans la masse des actes nécessaires renvoyés aux calendes grecques.
« Dès que les élèves sont venus à l’école aujourd’hui mardi, ils ont été chassés des classes, à cause des grèves dans le secteur éducatif. Que sert alors la gratuité de l’inscription des filles du second cycle, si elles ne peuvent pas suivre les cours ? », s’interroge un Censeur d’un lycée. « Les problèmes à résoudre, c’est l’insuffisance d’infrastructures scolaires et la pénurie d’enseignants qualifiés. Dans mon établissement, j’ai 30 classes avec 10 professeurs permanents et des vacataires et des volontaires peu qualifiés.
Le gouvernement introduit le volontariat dans l’enseignement, après la communautarisation. Pour quels résultats ? », se désole un directeur d’un collège. Le chef de l’Etat béninois, Boni Yayi, décrète la gratuité dans tout et tout. La dernière en date, c’est l’inscription gratuite pour les élèves filles de la seconde en terminale dans les collèges et les lycées du Bénin. En effet, les collégiennes et les lyciennes du second cycle peuvent désormais s’inscrire gratuitement dans les établissements scolaires, après leurs sœurs du premier cycle qui goûtent aux délices du gouvernement depuis peu. La décision doit être applaudie, si les réalités sur le terrain ne sont pas dramatiques.
La démagogie à l’épreuve des réalités
Les difficultés des écoles sont multiples et multiformes. Entre autres, on peut citer l’insuffisance des infrastructures scolaires, l’effectif pléthorique dans les salles et le système des classes volantes. En fait, les chefs d’établissements ne construisent plus de modules de classes, faute de moyens. La conséquence, c’est qu’il y a 70 à 100 élèves dans des classes. Aussi, d’autres recherchent-ils désespérément des classes vides pour acquérir le savoir. Encore que d’autres encore sortent de l’école à 14 heures pour y retourner à 16 heures.
Mais le ratio enseignant-enseigné est égal à 70 voire 100 élèves pour un enseignant au primaire et au secondaire et 300 voire 500 étudiants pour un professeur à l’université. Le besoin du recrutement d’éducateurs se fait sentir depuis des années. « Le secteur éducatif souffre du manque criard d’enseignants. En effet, il manque 11.000 enseignants au primaire ; 9.000 au secondaire ; 1.500 à l’université », a expliqué, en 2013, l’ancien porte-parole du Front des trois ordres de l’enseignement, Raouff Affagnon. Le drame, c’est qu’on enregistre des échecs massifs aux examens, nonobstant les rachats massifs.
La gratuité de l’inscription des filles du second cycle n’apporte pas la solution aux problèmes cruciaux auxquels sont confrontés les chefs d’établissements scolaires. Cette décision frise la démagogie électorale, comme bien d’autres.
Mécontentent généralisé à l’UAC
La gratuité de l’inscription à l’université continue de mettre aux prises les autorités rectorales et les étudiants. Le rectorat s’oppose à la gratuité de la double inscription sur le campus. L’une doit être gratuite et l’autre payante, telle est la vision rectorale. Le pire, c’est que l’année académique 2014-2015 est prolongée sur l’année académique 2015-2016, à cause du pourrissement de la situation sur le campus.
Nonobstant les efforts du recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, Brice Sinsin, à multiplier la construction des amphithéâtres, les apprenants continuent de suivre des cours sur les briques, sous les arbres à l’UAC et dans le meilleur des cas dans les classes du Collège d’enseignement général (CEG) 1 d’Abomey-Calavi. Ni les autorités rectorales ni les étudiants ne sont contents, au finish, de la gratuité de l’inscription à l’Université d’Abomey-Calavi. Il est inutile de revenir sur les récents évènements douloureux dans ce haut lieu du savoir.
La césarienne gratuite à polémique
Bien avant cette générosité gouvernementale, Boni Yayi a décrété la gratuité de la césarienne. Mais tout n’est pas rose dans le secteur. Malgré cette décision, les femmes font des accouchements césariens onéreux dans les hôpitaux. En effet, une institutrice de l’Ecole primaire publique (EPP) d’Agla Sud à Cotonou, Ch. S., a subi, le 24 février 2010, la césarienne au CNHU-HKM. En dépit de la prise en charge et la césarienne gratuite, son époux a dépensé plus de 300.000 FCFA, en une semaine de séjour sanitaire.
Faut-il alors l’appeler la césarienne gratuite ou la réduction des frais césariens ? Encore, l’Etat reste devoir payer des millions de FCFA à certains établissements sanitaires publics ou privés qui ont sauvé des femmes enceintes. Le Régime assurance maladie universelle (RAMU) n’apporte pas non plus le sourire aux lèvres des patients dans les centres de santé où les patients pauvres sont abandonnés à leur triste sort. Les subventions de l’Etat n’accompagnent pas les œuvres gratuites du gouvernement, à tel point que l’application de ces décisions rencontre des difficultés au grand dam des couches sociales bénéficiaires.