Pour absence d’élections au Bénin : La colère du peuple  dans la rue

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Au-delà même de la correction de la Lépi et l’organisation des élections communales et municipales  qu’ils exigent à tout prix, c’est la colère, l’indignation, la frustration, la révolte, le découragement et la déception que les béninois dans leur ensemble ont bien voulu exprimer  hier dans les rues, les artères, les coins et recoins de Cotonou par rapport aux huit (08) années et demi de gestion du régime en place.


Annoncée à grand renfort médiatique depuis quelques semaines, la marche démocratique a bel et bien eu lieu hier jour d’anniversaire de la constitution du 11 décembre 1990. Acteurs de la société civile, responsables des partis politiques accompagnés de leurs militants et sympathisants, autorités religieuses, les vieux, les jeunes et les femmes, bref, toutes les couches de la société béninoise se sont  mobilisées massivement pour dénoncer le cafouillage autour de la correction de Lépi et la non organisation des élections communales et municipales verrouillées depuis 18 mois par le régime en place et la Cour Constitutionnelle.

Mais, à y voir de près, il n’y a pas que  la correction de la Lépi et l’organisation des élections qui justifient cette descente impressionnante des populations dans les rues de Cotonou et environs. En effet, les manifestants ont aussi battu le macadam pour exprimer leur ras-le-bol par rapport à la crise économique qui secoue le pays depuis bientôt neuf  (09) ans que le régime Yayi  est à la manœuvre. Dans un contexte social où la faim gronde un partout dans le pays, où le manque d’emploi et le chômage des jeunes voltige de record en record, où la ménagère n’a plus de panier, où l’insécurité règne en maître, où les magistrats sont nargués et rabaissés, où le principe de séparation des pouvoirs est allègrement violé impunément, où le partenariat public-privé est mis à rude épreuve,  où les hommes d’affaires locaux sont traqués jusqu’à leur dernier retranchement, où la liberté d’expression n’est pas la chose la mieux partagée ( Me Lionel en sait quelque chose), et enfin où les thuriféraires du régime veulent réviser la constitution en vue d’un éventuel 3ème mandat à Boni yayi, alors,  la rue constitue le dernier recours pour le peuple de se faire entendre et prendre la communauté internationale à témoin. Les béninois dans leur ensemble, sont très déçus du régime en place et en souffrent en silence depuis des années.

Les inscriptions sur les banderoles et pancartes ainsi que les  chants et slogans très hostiles au chef de l’Etat scandés çà et là lors de la marche d’hier,  révèlent à n’en point cette grosse déception et cette colère du peuple. La pagaille orchestrée autour de la correction de la Lépi et la non tenue des organisations municipales et communales ne sont que la goutte qui a fait déborder la coupe  et les a fait sortir de leurs gonds. C’est la preuve évidente que devant les questions qui engagent l’avenir de sa démocratie acquise au prix de hautes luttes, le peuple béninois ne recule devant aucun sacrifice.

De toutes les façons, cette gigantesque marche d’hier est un signal fort adressé au chef de l’Etat qui doit désormais savoir sur quel pied danser et trouver une solution rapide à la tension socio-politique actuelle car, comme l’a dit Taken Jah Fakoly, « lorsque le peuple va se réveiller, ça va faire mal… ». Et pour éviter que cela ne dégénère, le Maire de Ouidah, Séverin Adjovi suggère en urgence un forum national afin de sortir de l’impasse électorale dans laquelle est le pays depuis 18 mois.

Le grand dossier du journal ( 29 décembre 2014)

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