Il y a un vétéran de la chose politique qui fait, ces derniers, l’objet de toutes les controverses et critiques dans la presse, dans la rue et sur les réseaux sociaux. Les Béninois semblent, désormais lui vouer une haine viscérale au regard de son choix de soutenir le candidat Lionel Zinsou et des arguments qu’il brandit pour justifier son forfait. Mérite-t-il réellement les adjectifs et mots pervers qu’on lui flanque ? Pour le savoir, il faut chercher à connaître le passé de l’homme.
Né le 5 mars 1942 à Aplahoué, Adrien Houngbédji est un homme politique béninois qui n’est pas issu d’une génération spontanée. Son militantisme, il l’a démarré à 33 ans sous le régime révolutionnaire. Seulement, en quarante années de carrière politique, ce Docteur d’État en droit de la faculté de droit de Paris en 1967 et major de l’École nationale de la magistrature française (la même année), est un personnage controversé. Avec des agissements qui portent à polémiques, il apparaît aux yeux de ses compatriotes comme étant un homme qui ne jure que par lui-même pour se réaliser. Et pour cause.
Des reproches qui lui sont faits, figure en pôle position son instabilité. Tantôt à gauche, tantôt à droite, il est difficile pour les politologues de cerner les réels motivations qui poussent l’homme à opter pour ce que d’aucuns qualifieraient de « vagabondage politique ». Car, pour ceux qui ne le savent pas, Adrien Houngbédji, c’est celui-là qui, depuis 1991, a soutenu les régimes respectifs de Soglo, de Kérékou et de Yayi, et qui, sans aucune autre forme de procès, les a tous combattus par la suite.
C’est le genre de personne qui, selon un de ses amis de vieilles dates, mange avec vous quand c’est chaud et, l’instant d’après, crache dans votre soupe et vous envoie vous faire pendre. En effet, quelques années après l’accession à la Magistrature suprême de Nicéphore Soglo, il n’a pas hésité à quitter la barque et à lui mettre les bâtons dans les roues. En 1996, c’est encore lui qui, après avoir pris quatre milliards, d’après Nicéphore Soglo, a contribué à l’avènement au Pouvoir du Général Mathieu Kérékou. Mais, il a juste fallu deux ans pour qu’il plie bagages en disant que le poste de Premier ministre qu’il occupait était « Kpayo ». Au début d règne de Yayi Boni en 2006, il l’a soutenu, puisqu’il avait placé un des membres de son parti dans le gouvernement.
Mais, quelques mois après, il n’a pas hésité à le vilipender en disant que son gouvernement est « ventilateur ». Mais c’est encore lui qui, après le K.o de 2011, s’empressait d’aller à la Marina pour souhaiter un joyeux Noel au Chef de l’Etat, qu’il avait vertement critiqué. Ses dernières victimes sont les deux opérateurs économiques, Patrice Talon et Sébastien Ajavon. Alors qu’il a été soutenu par les deux pour briguer le Perchoir en mai dernier, il n’a pas manqué de scrupule pour dire à la face du monde qu’ils ne sont pas vertueux.
Et pour couronner tout, il refuse de les soutenir dans leur accession vers la Marina en 2016, sous le prétexte qu’ils sont des candidats indépendants, (pour ne pas dire indélicats). Voilà le sort qui est réservé à toute personne qui s’associe avec le leader des Tchoco-tchoco. Volant au gré de ses intérêts, puisqu’il a affirmé qu’il n’entend plus rester dans l’opposition, il multiplie par zéro ceux qui l’ont fait.
C’est d’ailleurs pourquoi certains avertissent en disant : Houngbédji écrit au stylo rouge le mal qu’on lui cause, et au crayon le bien qu’on lui fait. Fort de ce constat, Lionel Zinsou doit beaucoup se méfier de cet allié qui est bien connu pour son caractère versatile. Car, avec ce septuagénaire, il ne faut jamais jurer de rien. C’est en pleine lune de miel qu’il claque la porte. L’Un en sait quelque chose.
Euphorie Gantin