C’est indéniable de dire que Sébastien Ajavon est une puissance économique. Sa capacité à mobiliser l’espèce sonnante et trébuchante n’est plus à démontrer. Mais ce qu’il démontre ces derniers temps, ce sont ses tares en matière politique. Et sa dernière sortie médiatique au cours de laquelle il a commis des erreurs pas possible est la preuve qu’il est vide parlant de politique.
« La politique est une science, et il faut aller à son école pour comprendre comment ça fonctionne », disait une personnalité politique du Bénin. Cette approche est d’autant plus vraie que Sébastien Ajavon, qui est entré en politique par effraction au détour de la présidentielle 2016, est en train de recevoir ses premières leçons. Et au lieu de s’asseoir tranquillement pour bien les assimiler, ou à défaut, se faire entourer de doyens pour qu’ils le coachent, il se croit déjà capable d’affronter les mêmes épreuves que ceux qui sont en Terminale (politique bien sûr). Et ce qui lui fait monter la tête est sa deuxième place ex aequo, comme il se plait à le dire, lors de sa première participation à une joute présidentielle. Mais cela suffit-il pour penser qu’on peut aussi passer le Baccalauréat au même titre que ceux qui arpentent les couloirs de la Marina depuis des lustres et qui savent bien comment on neutralise un élément gênant ? Suffit-il d’avoir des milliards pour penser qu’on peut se déclarer précocement opposant à un régime en place avec tout ce que cela implique comme puissance et pouvoir? Si lui, l’Agrégé en économie appliquée avait consulté des Agrégés en politique comme Nicéphore Soglo, Albert Tévoédjrè, Adrien Houngbédji, Sévérin Adjovi, Bruno Amoussou et autres, ils lui diront qu’on ne dit pas ça. Ils lui diront qu’on ne dit pas « Je vais mettre la barre très haut ». Ils lui déconseilleront de révéler ses intentions de créer un parti politique dans la perspective des Législatives de 2019 et Communales de 2020. Certes, il peut se targuer d’avoir une forte popularité, mais il reste que les élections au Bénin sont faites sur la base d’un outil qu’on appelle Liste électorale permanente informatisée (Lépi) et validées par des institutions qu’on appelle Cour suprême et Cour constitutionnelle. A la vérité, le roi de la volaille qui est un exemple de réussite, est manipulé par de petits gens sans expérience, mais qui, croyant tout savoir en matière de stratégies politiques, l’ont complètement traîné dans la gadoue. Ce sont eux et quelques éléments du régime de Yayi Boni qui l’abreuvent de discours mielleux pour renforcer la brouille en lui et le chef de l’Etat.
Talon, pas l’égal d’Ajavon
« Un chef est toujours un chef, même s’il est en caleçon», dit un adage populaire. C’est ce que ne comprend pas encore le président du Patronat. Sa mésentente avec le chef de l’Etat vient surtout du fait qu’il ne voit pas encore Patrice Talon comme l’homme fort du pays, mais plutôt un collègue opérateur économique. Or, les données ont changé. Le président Talon n’est plus au même piédestal que lui. Il n’est pas son égal en âge et en argent de francs CFA. Il doit donc se raviser et savoir que malgré ses milliards, il est un « petit » aux côtés de Talon. Il doit revenir à de meilleurs sentiments, vu qu’il est le président du Patronat. Car, en s’opposant au régime en place, il met à mal les intérêts des opérateurs économiques qu’il représente. Il doit suivre l’exemple de Martin Rodriguez qui, malgré les adversités qui existent entre le locataire de la Marina et lui, n’a point posé d’actes répréhensibles pour le contrarier. Au contraire, il a fait preuve d’humilité en allant discuter des pistes de développement avec lui. Frapper à la porte de la réconciliation doit être l’ultime option de l’homme de Deffa.