La démocratie béninoise sera à un tournant majeur lors de la Présidentielle de 2016. Au-delà de confirmer la place de pays démocratique et voir l’alternance s’opérer à la tête du pays, il y a un autre enjeu non moins important qui devra consacrer la prise de pouvoir par la jeune génération. Le Président sortant Boni Yayi sera face à cette jeunesse et sera surtout face à sa promesse faite il y a quelques années, renouvelée d’après le Pasteur Thomas Sossa de vouloir passer le témoin à la jeunesse. Ceci dit, cette jeunesse béninoise doit maintenant plus que jamais s’atteler à se donner les moyens de prendre le pouvoir en soutenant un jeune candidat digne de ce nom afin de prendre elle-même en main sa destinée.
Source extérieur
Octobre 2011. Boni Yayi avait donné rendez-vous à plusieurs centaines de jeunes à la salle du peuple de la Présidence de la République. En effet, six mois plus tôt, la jeunesse béninoise avait mouillé le maillot pour assurer sa réélection, comme elle l’a fait pour son élection inattendue en 2006. Au cours de cette audience, se sentant redevable à la jeunesse béninoise, Boni Yayi avait dit en substance aux jeunes : » Je veux faire quelque chose avec vous. Prenez-vous au sérieux, la relève vous appartient. » Il leur a en outre, conseillé de se préparer et de s’organiser pour diriger le pays après lui, en leur promettant son appui. Aujourd’hui, quatre ans après, que vaut cette promesse de Yayi? S’en souvient-il d’ailleurs ? Les jeunes eux-mêmes se prennent-ils au sérieux pour amener le Président à honorer sa parole ? En effet, durant ses deux mandats, le Président Boni Yayi a fait la promotion de plusieurs jeunes, qu’il a préparé consciemment ou inconsciemment à prendre la relève, vu les fonctions éminentes qu’il leur a permis d’occuper. Cependant, dans la liste des candidats qui s’annoncent pour 2016, on ne voit pas s’annoncer les jeunes qui ont mouillé le maillot sous Yayi et qui ont acquis des vraies compétences et une vraie expérience nationale et internationale pour diriger le Bénin, en se mettant intelligemment en équipe. Dans cet ordre d’idées, l’on peut se demander où sont les jeunes leaders qui ont fleuri sous Yayi ? Entre autres leaders, où est El Farouk Soumanou, qui dirige actuellement un fonds de développement du sport sans moyens. Et Reckya Madougou ; ancienne ministre de Yayi et plus active au Togo voisin qu’au Bénin. Et Komi Koutché ; actuel Ministre des finances, qui pourrait remplir le critère d’âge pour se présenter. Et Éric Adja, ancien conseiller à la jeunesse du Président Boni Yayi, élu local, universitaire et actuel Directeur à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), l’un des postes les plus élevés qu’occupe actuellement un Béninois à l’étranger… etc. Pourquoi ne pas susciter, soutenir et encourager la candidature de ces jeunes dont nous connaissons le parcours et qui ont fait leurs preuves sous nos yeux ? En effet, beaucoup de nos aînés d’aujourd’hui n’avaient même pas encore l’âge de ces jeunes leaders quand ils étaient déjà aux affaires dans ce pays. Pourquoi donc penser que les jeunes d’aujourd’hui sont trop jeunes ou trop pressés pour diriger le Bénin ? Au lieu de considérer 2016 comme le tour de tel ou tel autre candidat, 2016 ne devrait-il pas devenir un tournant générationnel ? N’est-il pas temps de tourner la page d’une certaine génération et de promouvoir une alternance générationnelle ? La réponse appartient d’abord aux jeunes eux-mêmes, qui ont toujours mouillé le maillot pour les autres générations. Il leur appartient de se prendre au sérieux et de se réunir, si possible d’organiser en leur sein des élections primaires afin de dégager un candidat unique ou à défaut une équipe ou un front citoyen engagé, au-delà des clivages politiques et ethniques, pour porter leurs idées et leurs voix à l’occasion de la présidentielle de 2016. La jeunesse béninoise a un important choix à opérer. Continuer à subir ou prendre son destin en mains. Ceci est un impératif. L’on peut parier que si le Président Boni Yayi voit les jeunes bien organisés et décidés à prendre le pouvoir qui leur revient légitimement et démocratiquement du fait de leur nombre majoritaire, ce dernier ne pourra qu’accompagner l’accession à la magistrature suprême en avril 2016 d’un Président de la République issu de la nouvelle génération. Ce serait une nouveauté pour le Bénin et pour l’Afrique. Et le pays resterait ainsi fidèle à sa vocation d’étonner le monde.