C’est dans l’objectif d’aller s’imprégner des conditions de détention des détenus de la prison civile d’Abomey-Calavi et recueillir leurs doléances que les magistrats du tribunal d’Abomey-Calavi ont fait le déplacement.

Un triste constat a été fait sur les lieux.
La prison civile d’Abomey-Calavi a été inaugurée le 31 décembre 2013 sous le régime Yayi. D’un coût total de 2 milliards 5 cent millions, elle a été construite dans la perspective de désengorger la prison civile de Cotonou. Mais au bout de quelques années, cette prison est devenue exiguë elle-même. La population carcérale dans la prison civile d’Abomey-Calavi est aujourd’hui préoccupante. En effet, lors d’une visite des magistrats du tribunal d’Abomey-Calavi aux détenus de cette prison, il y a quelques jours, aux fins de s’imprégner des conditions de détention des prévenus et recueillir leurs doléances, cet amer constat a été fait. En d’autres termes, les détenus de la prison civile d’Abomey-Calavi dépassent donc ce qui devrait être. C’est un phénomène qui est aussi préoccupant dans les autres prisons ou maisons d’arrêt comme la prison civile de Cotonou par exemple. A ce niveau, plus de 200 détenus peuvent se retrouver dans le même bâtiment où ils sont contraints à passer la nuit dans les conditions difficiles. Dans un rapport de la Commission Béninoise des Droits de l’homme, dirigée par Clément Capo-Chichi, la qauestion de la b surpopulation carcérale au Bénin a été mise en exergue. Certes, des efforts sont consentis par l’État pour alléger la vie aux détenus mais il reste que les pouvoirs publics prennent sans nul doute des décisions hardies. Il s’agit par exemple de mettre en place des mécanismes pour veiller à ce que la prison soit l’exception au Bénin. Mais en attendant qu’il en soit ainsi, il faut d’ores et déjà saluer le bien fondé de la circulaire relative à la maîtrise de l’accroissement de la population carcérale du garde des Sceaux, Séverin Maxime Quenum qui date du 27 janvier 2022. Dans cette circulaire, le ministre a donné des directives visant à instituer les bonnes pratiques pour assurer le traitement diligent des procédures pénales et de gestion de l’effectif carcéral ( nous y reviendrons). Si les directives données par le ministre de la justice aux procureurs, aux présidents des tribunaux de première instance et au président de la CRIET de même qu’aux juges des libertés et de détention, aux juges d’instruction, aux présidents des chambres des libertés et de l’instruction, aux juges des mineurs, aux juges correctionnels, aux formations du tribunal statuant en matière criminelle et aux régisseurs, ce sera un grand début pour le désengagement des établissements pénitentiaires en République du Bénin. Il convient alors de faire en sorte que cette politique pénale ne soit pas jetée dans les tiroirs.
Patrice Gbaguidi