Rappelez-moi la devise du Benin?

Mon pays m’attriste, m’étonne et m’écœure par moments et pourtant je ne suis pas un homme qui désespère facilement. Je suis un homme critique mais j’ai aussi le cœur de quelqu’un qui sait encourager. Seulement, qu’on ne me demande pas de soutenir ce qui relève de l’incurie érigée en mode avancé de mépris du passé. Six décennies que ça dure!

Tenez, il n’existe aucune stratégie nationale et locale d’appropriation de tout ce qui est fait par l’État au Benin. Nous sommes des experts en effacement des tableaux parce que nous détestons la visibilité des traces de ce qui est fait avant nous. On finira aussi par dire qu’on a fabriqué les premiers Béninois nouveaux dans un laboratoire pour changer ce pays qu’on a du mal à cerner et à suivre sur le plan stratégique.

Dans cinq ans, un autre viendra aussi nous parler de son nouveau départ en nous demandant de rompre avec les acquis et les succès du régime actuel en plus des travers qu’il aura légués lui aussi car il y en aura, à moins que ce soit des Saints qui nous dirigent et je n’y crois pas du tout, ils ont comme les régimes passés, leurs bons et mauvais côtés.

Je me désole pourquoi? Il n’y a jamais eu au Bénin depuis 1991 un régime qui n’ait pas utilisé un ministre du ou des régimes passés. Si ces derniers ne sont pas tous mauvais, pourquoi on noircit tout le tableau des actes et actions du passé dont ils sont contributeurs? N’y a-t-il pas un malaise profond sur fond de haine qui structure le mode de pensée des Béninois. C’est perturbant de voir ce niveau lacunaire d’attachement de la devise nationale qui nous caractérise.

En quoi sommes-nous des frères quand on cultive à ce point la haine et l’humiliation? On y gagne même quoi ? Mon pays me fait pitié quand je regarde de loin les visages d’hier et d’aujourd’hui des uns et des autres. Où sont les hommes nouveaux quand on regarde de plus près? Nouveaux ou anciens, chacun vient dans l’aventure avec son passé et qui n’a pas un passé et une histoire?

Quel plaisir un État peut-il avoir à sauter de rupture en rupture comme une sauterelle ? Toutes les anciennes cordes sont toujours inutilisables au Bénin! Comment un pays peut être aussi nul en capitalisation des acquis et des bonnes pratiques? Je m’insurge contre cette culture du mépris du passé et du gaspillage de l’argent public qui nous fait piétiner nos héritages. Il faut avoir le courage d’assumer le passé en corrigeant ce qui doit l’être et en valorisant aussi ce que d’autres ont fait de bien avant nous. Allez voir les conteneurs de rapports d’études, d’audit et d’évaluation dont les conclusions sont encore très valables pour accélérer les réformes et qui ne servent plus à rien.

Je ne comprends pas aussi qu’une coalition de 94 partis avec 300 mouvements affiliés aient dirigé un pays pendant dix ans sans le souci de produire un compendium de capitalisation. Vous comprenez pourquoi un chef d’État finit toujours tout seul? Une fois le festin terminé chacun prend la direction d’un nouveau vagabondage. Il restera toujours des choses pour la poubelle de l’histoire.

Soyons redevables à notre passé sans quoi il nous nous questionnera un jour.

Author: Charles

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