« …. Avec peu de moyens, le sportif béninois est capable de te sortir de grand-chose, là où les autres demandent le ciel… »
Actuel président de la Fédération béninoise de karaté, notre invité de cette semaine, un grand maitre de cet art martial, ancien athlète, ancien directeur technique national, un averti en terme clair du sport, nous parle à cœur ouvert de son institution. Au cours de cet entretien, le patron du karaté béninois n’a pas oublié de nous faire part, de la manière dont il analyse la politique sportive béninoise. Mais, avant tout Rock Quenum, comme c’est de lui qu’il s’agit, nous a présentés un bilan sommaire des 7 mois passés à la tête de la Fédération béninoise de karaté. Il en a profité pour lever un coin de voile sur la compétition dénommée kata qui démarre demain du côté de Godomey avant de revenir sur l’organisation retardée du championnat de cet art martial, souvent en décembre de chaque année. Lisez plutôt….
Bonjour Monsieur
Rock Quenum : Bonjour Monsieur le journaliste
Peut-on vous connaitre ?
On m’appelle Rock Quenum, président de la Fédération béninoise de karaté.
Président, vous êtes dans le sport depuis des années, que peut-on retenir de votre carrière ?
On a coutume de dire que c’est ce que vous aimez qui vous prend, n’est ce pas ? Donc, c’est le cas. Je crois que j’aime le sport et je suis dedans. C’est parce que je sais ce que cela peut apporter à la nation que j’ai jamais cessé d’être aux côtés de la chose.
Parce qu’on sait que vous avez été un grand homme de sport, alors que peut-on retenir de façon globale sur vous ?
Mais, vous êtes bien informé. Néanmoins, revenant sur ma carrière, je dirai simplement que j’ai été un athlète de haut niveau. J’ai pris part à plusieurs compétitions. Ceci sous la conduite de notre grand, grand maitre Benjamin Soudé, j’ai aussi participé à plusieurs compétitions dans la sous-région et sur les autres continents avant de retrouver le bureau exécutif. Donc, c’est toujours l’amour que nous portons à la chose qui nous pousse à ne jamais la quitter, plutôt d’y rester et de la suivre. Puisqu’il est prouvé aujourd’hui que c’est dans les autres disciplines sportives qu’il y a de l’argent (suivez mon regard), et pourtant, on est resté. Donc, c’est la volonté de servir loyalement la nation et faire flotter le drapeau national qui justifie toujours cela. Où est ce qu’on en est, je ne saurais le dire, puisque dans notre discipline à nous, on n’arrête jamais d’apprendre. C’est dire qu’il y a beaucoup de choses. La rubrique compétition n’est qu’un aspect. Il y a l’harmonie entre le corps et l’esprit. Pour une petite anecdote, notre maitre nous disait toujours que s’il arrivait à être Chef de l’Etat, tous ses directeurs et ministres feront du karaté. Pas pour aller à l’affront, mais pour avoir cette harmonie entre l’esprit et le corps. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’à 60 ans, nous on est encore dedans.
Président de la fédération béninoise de karaté, quel bilan peut-on faire à ce jour ?
En réalité, je suis arrivé à la tête de cette institution, parce que je me disais qu’il faille que j’apporte mon grain de sel pour la construction de ce sport tant aimé par les Béninois et surtout de notre sport commun, puisque le karaté n’appartient à personne. Depuis que je suis venu, j’ai essayé de suivre les pas de mon prédécesseur et de redynamiser la discipline, cela fait exactement 7 mois que je suis là. On a organisé des stages techniques nationaux et internationaux, les athlètes ont pris part à des compétitions sous-régionales, on a eu aussi la chance de recevoir un champion du monde ici. C’est dire qu’en réalité, si les Béninois le veulent, on peut faire grand-chose, mais, l’état étant ce qu’il est, on est toujours à ce point, malgré notre bonne volonté de faire mieux et pour que le Bénin devienne la plateforme du karaté de la sous-région. Mais, rien ne peut se réaliser si l’état central n’a pas la volonté, puisqu’il ne sert à rien de faire quelque chose sans l’aval de l’exécutif.
- Rock Quenum, demain un club de karaté organise une activité, parlez nous de cela.
C’est un club qui organise une compétition pour les enfants. Un tournoi dénommé Kata, puisqu’ils ne feront que ces exercices. Le Kata étant une rubrique technique dans la discipline. C’est aussi un moyen de donner vie à ce que nous faisons. Cela permet à ces dirigeants de clubs d’occuper les enfants, de les mettre en jambe avant les compétitions. Nous avons donné notre accord à la fédération, puisque c’est la base même de notre sport. Sans oublier que cela permet de mettre les projecteurs sur le karaté.
Donc, le président sera là, en tant que exécutif ?
Oui, exactement, puisque ce sont les responsables de clubs qui organisent leur activité, nous on vient juste les soutenir. Donc, que je sois là, ou non, il y aura un membre de la fédération qui sera de la partie.
Président qu’est ce qui explique le fait que la fédération organise son championnat en décembre ? Surtout lorsqu’on sait que les athlètes doivent compétir, malheureusement, c’est en décembre qu’on leur organise la grande compétition. Pensez-vous que c’est la meilleure méthode ??
Bien, la réponse est dans votre question. Vous avez déjà dit qu’en réalité ce n’est pas de cette manière que cela devrait se faire, mais, dans notre pays, il y a des contraintes que nous ne maitrisons pas. Mais, il n’y a pas que cela. Les pouvoirs publics nous disent qu’ils viennent en appui. Ils disent qu’ils subventionnent. Cela veut dire qu’on doit chercher d’autres assistances nous-mêmes pour pouvoir organiser nos activités. Regardez tout ce que je viens de vous citer qu’on a fait en 7 mois. Ce n’est pas grand-chose mais, c’est quand même quelque chose. Et pourtant, on n’a pas encore reçu de subvention. Je suis convaincu si on doit attendre les subventions de l’Etat, je suis certain qu’on ne fera pas grand-chose. Nous devrions chercher d’autres pistes. Çà revient à ce que nous sommes partis faire la dernière fois à Lokossa lors de l’atelier national sur le sport. Mais, cela ne s’arrête pas là. Il faudra que nos honorables députés puissent voter des lois pour permettre un véritable sponsoring dans le sport et qu’ils décident d’aider. Le ministre Galiou Soglo avait fait quelque chose en son temps, (je le salue d’ailleurs au passage), seulement que je n’ai jamais compris ce pour quoi, il est parti de la tête de ce ministère. Après cela, on a encore organisé un atelier la dernière fois à Lokossa, je ne voudrais pas dire que c’est un atelier de plus, puisque ce sont des choses sérieuses qui ont été dites et recommandées à la fin de cette rencontre. Je pense que si seulement, on votait ces recommandations, le sport béninois aura de beaux jours devant lui. Et quand je parle du sport, je parle de toutes les disciplines sportives et non du karaté seulement. Je connais les Béninois, je sais de quoi ils sont capables. Regardez par exemple le tennis, avec peu de moyens, le Béninois est capable de te sortir des choses, là où les autres demandent le ciel.
Que pensez de la politique sportive béninoise ?
Moi j’ai envie de vous demander est ce que la politique béninoise existait ? Il faudrait plutôt penser à ce qu’on peut faire, puisqu’il n’y a pas de politique sportive. Pour le moment, on essaie de faire avec. Déjà le ministère est parmi les parents pauvres. Si en plus de cela, on ne leur donne pas suffisamment de moyens, maintenant, le peu qu’on octroie, le football s’approprie de l’essentiel avant que nous autres on ne nous loge dans le même panier. Le milliard sportif, moi je pense que cela ne pourra pas régler le problème, mais, ce sera encore un grand pas. Moi je viens d’arriver et je sais qu’en réalité, si on doit attendre les subventions, on ne fera rien.
Un mot pour conclure cet entretien
Déjà, je vous remercie de m’avoir accordé cette opportunité en vue de m’exprimer, parce que ce n’est pas évident. Puisque cela ne sert à rien de faire des choses si on n’en parle pas. Donc, je vous exhorte à continuer. Nous de notre côté, on fera tout pour que le drapeau béninois flotte toutes les fois que nous avons la possibilité, puisque nous sommes les meilleurs ambassadeurs, les gens ont tendance à vite oublier cela. Quand çà marche, il faut des gens pour le dire, et c’est votre rôle à vous. C’est pourquoi je vous remercie du fond de mon cœur en espérant que les jours à venir, vous puissiez encore parler plus du karaté. Nous sommes à pieds-d’œuvre pour former les différentes commissions, en son temps, nous vous tiendrons informer pour que large diffusion soit faite autour.
Merci président.
Propos recueillis par R.Y.A.