La présidentielle de 2021, c’est maintenant. C’est ce qu’a compris l’homme d’affaires Sébastien Germain Ajavon. Sa sortie médiatique du week-end écoulé est une manière d’alerter sur le fait qu’il sera dans les starting-blocks de ceux qui ambitionnent succéder au président Patrice Talon. Or, la route est encore longue. Très longue.
Entré en politique par effraction au détour de la présidentielle de 2016, l’homme d’affaires Sébastien Ajavon y a pris goût, et irrésistiblement, ne compte pas en sortir de sitôt. Il veut faire de la politique pure et à visage découvert d’ailleurs. C’est le message fort que le roi de la volaille a voulu envoyer à ses concitoyens lors de sa sortie médiatique du week-end écoulé. L’enjeu pour lui, c’est assurément le fauteuil présidentiel en 2021.Bloqué de justesse au premier tour de la présidentielle de 2016, il n’entend plus faire de contreperformance. « Si je dois être candidat en 2021, je mettrai la barre très haut », a-t-il indiqué en substance. C’est dire donc qu’il sera un adversaire de taille. Avec cette déclaration, on peut supposer qu’il serait prêt à mettre les moyens, tant financiers qu’humains, qu’il faut pour battre à plate couture ses adversaires.
Dans sa stratégie pour accéder à la magistrature suprême, il a même prévu, pour bientôt, la création d’un parti politique. Ce prochain nouveau-né pourrait participer aux Législatives de 2019 et Communales de 2020. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour le Parti du renouveau démocratique (Prd) de Maître Adrien Houngbédji. En effet, les zones dans lesquelles le candidat Sébastien Ajavon a fait forte sensation a été l’Ouémé, le Plateau et la 15ème circonscription électorale. Or, il se trouve que ce n’est que dans cette partie du Bénin que le Prd a pu glaner ses dix députés. Si donc Sébastien Ajavon portait sur les fonts baptismaux son parti, il est clair que dans les circonscriptions électorales suscitées le parti arc-en-ciel va laisser des plumes. Le combat sera âpre, et il se peut que lors du mercato politique à venir, plusieurs leaders et déçus du Prd prennent leurs valises pour atterrir chez l’homme de Djeffa.
« Je ne ferai pas de la politique aveugle »
Même s’il ne se défend plus d’être un homme politique à part entière, Sébastien Ajavon n’entend pas faire de la politique politicienne. Déjà out de la barque de la Rupture au lendemain de l’affaire dite « 18 kg de cocaïne pure », il enfile désormais un manteau d’opposant. Mais, nuance-t-il, il s’agira d’une opposition objective faite de conseils au gouvernement en place. « Tant que le chef de l’Etat va poser des actes convenables, je serai toujours là pour accompagner… Je ne ferai pas de la politique aveugle.
Quand il fera mal, je serai aussi là pour dénoncer», a-t-il précisé. Pour preuve, il a donné l’exemple du projet de révision de la constitution pour lequel il n’était pas contre. De même, il a décliné toute son implication dans le rejet du projet par 22 députés + 1. De ses dires, on retient qu’il a laissé à chacun des députés qui l’ont accompagné lors de la présidentielle de 2016 la liberté de décider en toute responsabilité. Et c’est ce qui justifie le fait qu’ils ont, à l’exception de deux, voté pour le projet.
Ajavon sur les cas Monrou, Koudandé et Kokou
Alors qu’il a proclamé qu’il ne sera ni de près ni de loin associé à la gestion du pouvoir sous le président Patrice Talon, Sébastien Ajavon ne s’oppose pas à la présence de ses ministres dans l’équipe gouvernementale en place. Même s’il n’approuve pas leur comportement, il les comprend dans leur désir de poursuivre l’œuvre entamée aux côtés du chef de l’Etat. « Mes trois ministres sont des adultes. S’il ne tenait qu’à moi, ils ne seraient plus là. Mais comme ce sont des adultes, ils ont des familles.
Je dois savoir raison gardée. Je ne peux pas les tirer de là où ils sont. Ils sont des ministres de Talon aujourd’hui. Je les ai envoyés à une mission, et moi je dis que je suis sorti de la mission. Je n’ai plus de ministres au gouvernement. Ils y sont pour travailler pour le pays avec le président Patrice Talon. Donc, je ne vais pas les sortir de force de là. Peut-être qu’en 2021 ils vont aussi aviser », a-t-il lancé.
Décrédibiliser Talon : son objectif
Faire la politique sous nos cieux, c’est savoir saisir les opportunités. Et la sortie de Sébastien Ajavon en a tout l’air. Elle intervient à un moment où le président Patrice Talon a subi un revers politique, notamment le rejet de son projet de réformes constitutionnelles. De même, la démission de son ministre de la défense et les populations qui crient à la faim ont plus que jamais rendu le chef de l’Etat vulnérable. C’est donc voyant le lion blessé que Sébastien Ajavon a fait cette sortie pour l’achever.
Mais après cet exercice, le roi de la volaille a-t-il fait bonne impression ? C’est la question qu’il convient de poser. A-t-il convaincu ses compatriotes sur ses compatriotes ? A la vérité, non ! Cette sortie, qui avait pour but de décrédibiliser le président Patrice Talon aux yeux de l’opinion a, au contraire, montré les limites de Sébastien Ajavon. Sa non-maîtrise des réalités du pays a été étalée au grand public.