La sulfureuse affaire de cocaïne pure retrouvée dans l’un des conteneurs appartenant à la Société Cajaf Comon a connu une issue favorable pour l’homme d’affaires Sébastien Ajavon. Au jugement immédiat qui a eu lieu vendredi dernière au tribunal de première instance de Cotonou, le mis en cause a été acquitté au bénéfice du doute. Un verdict qui, à vrai dire, ne le lave pas de tout soupçon mais qui écarte l’implication du chef de l’Etat.
Très souhaitée par le peuple béninois, la mise en liberté de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon est effective depuis le vendredi soir, suite à la comparution immédiate qui a gardé en haleine tout le peuple. Seulement, au finish, le motif de cette décision prise par le juge présente un goût d’inachevé.
L’acquittement au bénéfice du doute laisse l’opinion publique dans un flou artistique. Cette mesure n’a pas du tout rendu service aux populations qui voulaient savoir si oui ou non Sébastien Ajavon est un baron de la drogue. Et c’est face à l’incapacité de la justice de donner une réponse précise à cette préoccupation que la déception prend siège dans les esprits. Le doute suppose que cela revient à chacun de faire son opinion sur le sujet, de considérer Ajavon comme un baron de la drogue ou un opérateur économique vertueux qui a été victime de machination. Ce qui, de toute évidence, n’arrange pas le prévenu, si tant est qu’il est innocent.
Et pour cause. Avant son arrestation, Sébastien Ajavon a fait un certain nombre de déclarations et donné des pistes quant aux origines de ses ennuis. « Je suis aujourd’hui en politique et il paraît qu’il n’y a pas d’éthique en politique. Mais, quand j’ai décidé d’aller en politique, c’est bien pour faire la politique autrement : c’est-à-dire de manière saine sans penser à détruire ses adversaires politiques. Ce qui caractérise de tout temps la politique politicienne béninoise.
Depuis ce matin (vendredi 28 octobre) des manœuvres sont en cours pour salir la réputation de la Société Comon, et donc ma propre réputation que j’ai mis plusieurs décennies à construire », ainsi raisonnait le roi de la volaille au Bénin.
Mais chose curieuse, l’implication du politique dans cette affaire, comme l’a énoncé l’intéressé, n’a pas été confirmée ou infirmée. Or, si la thèse du complot était avérée, il devrait exiger des dommages et intérêts pour son image et celle de sa société écornée. Malheureusement, avec l’acquittement au bénéfice du doute, on ne saura jamais celui qui est la victime et celui qui est le bourreau.
Talon doit ester Ajavon en justice
Le doute dans ce dossier est assez grave, compte tenu du fait que des pistes ont été même données quant au vrai cerveau de la thèse du complot soulevé par l’accusé. « Ce n’est pas la première fois que j’ai fait l’objet de telles manœuvres.
Le régime précédent a tenté plusieurs fois et sans succès de diverses manières de me salir. Nous sommes à l’ère de la rupture et nous pouvions espérer ne plus avoir à vivre de tels faits ! Y sommes-nous réellement ? Nous sommes inquiets face à des pratiques d’un autre temps », certifiait Sébastien Ajavon lors de son point de presse. Ces propos ont tout de go suscité un tollé du fait qu’impliquant la première autorité du pays. Et il était un devoir pour la justice de clarifier cette thèse qui ternit l’image du gouvernement. Les hommes en toge devaient dire si oui ou non le président Talon avait tenté de nuire à son partenaire politique, tel qu’il l’a brandi, dare-dare, comme argument.
L’enjeu était de taille, puisque si cela n’était pas le cas Ajavon devra demander pardon au chef de l’Etat et à tout le peuple béninois, et même payer des dommages et intérêts. Ce qui suppose qu’après ce verdict, il revient au chef de l’Etat d’ester Sébastien Ajavon en justice pour apporter les preuves de ses allégations. Car, à la vérité, ces déclarations qui portaient des germes de trouble à l’ordre public ont terni l’image du Bénin à l’international. Et il faut qu’il apporte les preuves de ses dires. Autrement, il doit des excuses publiques aux Béninois.