Si rien n’est fait dans l’immédiat pour contraindre la Haac à rapporter en urgence sa dangereuse décision qui suspend le quotidien ‘’Le Matinal’’, alors le pire est vraiment à craindre. Le silence qui entoure le sort réservé au plus grand quotidien privé du Bénin, est inadmissible.
Quand bien même ils sont des milliers à profiter de ses services et prestations de tous genres, depuis plus deux semaines que le plus grand quotidien privé du Bénin, ‘’Le Matinal’’, est absent des kiosques, des revues de presse, parce que suspendu par une décision incompréhensible de la Haac, on entend des mouches voler.
C’est le grand silence. Tout se passe comme s’il s’agit d’un moindre mal. Mis à part un communiqué conjoint des associations des professionnels des Médias, à la limite, passé inaperçu, il n’y a eu aucune action musclée susceptible de mettre véritablement la pression sur le président de la Haac, Adam Boni Tessi, afin que sa décision soit annulée. A l’image des centrales et confédérations syndicales qui se battent pour faire aboutir leur cause; à l’instar des magistrats qui se sont levés comme un seul dans ce pays pour dire non au retrait de leur droit de grève, il est l’heure pour les hommes des médias de sortir leurs muscles pour défendre courageusement leur cause et revendiquer leur liberté à la parole, à la plume et aux micros.
La suspension du ‘’Matinal’’ est une cause qui parle à tout le monde. Pour cela, tout le monde devrait se ceindre les reins pour dire non à la forfaiture. Pour dire non à la dictature. Et pour dire non à l’autocratie d’une Haac qui semble faire le jeu du pouvoir en place.
Calme olympien des hommes des médias qui donne raison à Todjinou
Aussi curieux que cela puisse paraitre, les hommes des médias, principaux concernés par cette situation du journal ‘’ Le Matinal’’ brillent tout bonnement par une indifférence notoire digne de la béninoiserie. Aucune initiative d’envergure. Aucune révolte populaire. Aucune indignation populaire. Lors d’une émission sur la chaine de Télévision canal3, le syndicaliste Pascal Todjinou, alertait déjà, il y a de cela 2 ans : « Si vous, les journalistes, vous ne vous levez pas, bientôt sera votre tour.
Ils vont vous empêcher de vous exprimer…», avait-t-il déclaré. L’histoire est-t-elle en train de lui donner raison ? Tout porte à le croire. Le calme qui a régné autour du cas du Béninois Libéré à ce jour, est la démonstration et la preuve de ce que la presse béninoise est face à un problème crucial : le manque de solidarité. Et tant que ce sera du ‘’tchédjinnanbi’’ (tout pour moi et pour moi seul), la menace proviendra toujours de l’extérieur (du régime) comme cette décision de la Haac qui suspend ‘’Le Matinal’, laquelle visiblement, semble n’ébranler personne. Même s’il faut reconnaitre que le confrère est parfois excessif avec sa plume, rien, absolument rien ne saurait sa suspension de l’espace médiatique béninois.
Dans tous les cas de figure, le sort réservé au quotidien ‘’Le Matinal’’, aujourd’hui est un signal que la presse béninoise dans son ensemble, est en danger. Et face à cette situation très préoccupante, il faut agir. La liberté d’expression et de presse est sacrée. C’est le quatrième pouvoir constitutionnel. Et suspendre ‘’Le Matinal’’ sans que cela n’appelle de vives protestations, est révoltant. Même la classe politique qui profite allègrement du journal, brille aujourd’hui par un calme olympien. Le Bénin est un Etat de droit et comme tel, les règles de droit doivent être respectées. La décision de la Haac est loin d’être une décision. Elle a l’air d’une dictature. Pour cela, il faut s’opposer pour rétablir et restaurer ‘’Le Matinal’’ dans ses droits de fournir de l’information aux populations.
Plus qu’une nécessité, c’est une urgence. Les reporters sans frontières sont aussi vivement interpellés face à cette situation qui n’honore pas la démocratie béninoise et l’image de sa presse.