Lorsque le héros Ahouna de cette extraordinaire œuvre littéraire griffée Olympe-Bhely Quenum, fuyant son destin, a abandonné son foyer pour prendre la route du sud-Bénin, il ne savait pas que le piège qu’il s’est tendu serait sans fin, bref sans issue. En voilà une formidable histoire d’une fable qui ressemble aujourd’hui, trait pour trait, à la situation dans laquelle le gouvernement et son chef Boni Yayi se sont mis. En faisant un retenu sur salaire pour les enseignants grévistes, le grand manitou de Tchaourou était loin de penser que le sort allait s’acharner contre lui à ce point. Tenez ! Sans retour à la norme et abandon de la défalcation, les syndicalistes sont prêts à aller au bout de leur bataille.
Et c’est là que se pose le gros problème pour Boni Yayi. Lui qui ne sait pas revenir sur sa position et qui aime le bras de fer, est aujourd’hui dans une position où il sera obligé d’abandonner les défalcations, seule gage de la fin des grèves. Oh, qu’il est difficile d’être Boni Yayi, président de la République : les grévistes qui ne démordent pas, son Talon qu’il s’est lui-même fabriqué et qui hante actuellement son quotidien (cf. journal La Croix du lundi 3 janvier 2014), son mandat qui file inexorablement vers son terme alors que l’envie de rester le tenaille à longueur de journée, ses gourous pasteurs qui le déroutent et pour finir, le sort qui semble visiblement s’abattre sur lui.
Pour qui connaît les multiples et passionnantes intrigues qui jalonnent le fabuleux roman de notre vieux et sage compatriote Olympe-Bhely Quenum, il y a de quoi s’étonner de la rocambolesque similitude qu’il y a entre les deux personnages d’un film d’actions hollywoodien, fiction pour l’un et réalité pour l’autre. Même si chacun a son destin, aucun destin personnel n’est sécable de la destinée d’un pays. Car, c’est l’enchevêtrement de millions et de millions de destins qui donne naissance à une nation. Seulement les soucis personnels du chef de l’Etat – donc son destin – ne sont pas du tout à confondre avec les problèmes de la nation.
Je le jure
Alladé Hervé