Acteurs et actrices de la République des plaisantins ! Moi, le spectateur joyeux, je suis au comble de la joie quand notre Gouverneur général, lui-même, se met en scène. Le Goliath de Tchaourou a le don de nous distraire et de nous amener à célébrer, avec lui, ses exploits. Et à ce propos, son dernier exploit est la publication du rapport d’audit de la commission Kroll sur la disparition des fonds hollandais destinés à l’accès à l’eau des populations. Un rapport qui, en principe, devrait confirmer ou infirmer les trois milliards détournés, est allé loin en disant qu’il y a un supplément de cinq milliards du budget national qui sont aussi portés disparus.
Avec une telle information, le Gouverneur général, au détour d’une tournée dans les champs cotonniers, dans le Zou-Collines, nous a fait savoir qu’on devrait le féliciter pour ses efforts à lutter contre la corruption. « Il y a de scandales partout. Cela ne date pas de notre ère, à la seule différence qu’hier, avant notre arrivée, eux ils les cachaient. Tout ce qu’ils faisaient, ils cachaient. Ceux qui crient aujourd’hui, cachaient. Obama a dit que le meilleur gouvernement, c’est celui-là qui met en relief ses insuffisances, ses faiblesses. Et c’est pourquoi nous avions décidé d’aller à la transparence. Si nous constatons des insuffisances, nous disons, il y a telle insuffisance à tel endroit. Les scandales Icc Services, Cen-Sad, qui les a signalés ? C’est moi. C’est moi qui ai signalé. Prenez la Cen-Sad, c’est moi qui ai demandé qu’on fasse un audit. L’Ige est allé faire l’audit. J’ai réuni le conseil des ministres. J’ai sanctionné le ministre. Je l’ai envoyé à la Haute cour de justice. Où se trouve ce dossier aujourd’hui et c’est toujours les mêmes, puisque nous avons des députés professionnels qui sont là et, quand ils parlent, leurs chansons, c’est les scandales ? Dans les grandes démocraties, le président, son rôle, c’est de nommer. Je ne vais pas nommer les Indonésiens pour venir travailler dans l’administration béninoise », déclarait-il.
Nous invitant ainsi donc à lui reconnaître le mérite, au moins de porter à notre connaissance les milliers de scandales sous son règne, dont la chaîne hiérarchique se présente comme suit « Icc services, Cens sad, machines agricoles, affaire Dangnivo, affaire 2 milliards Sbee, Turbine à gaz Maria Gléta, siège de l’Assemblée nationale, avion présidentiel, Lépi bâclée, Pvi, coton, trafic d’armes… », Yayi va finir par nous faire mourir de rire. Un jour, et je suis sûr, il finira par nous annoncer la vente du Bénin dont il n’était pas au courant et pour laquelle on devra le féliciter pour nous avoir mis la puce à l’oreille. Et, pour nous prouver sa bonne foi, il nous dira qu’il va radier tous les cadres qui rendent célèbres son régime par les scandales et les remplacer par les Indonésiens, Chinois, Français et autres.
Mais moi, le spectateur joyeux, je vous dirai que dans notre République des plaisantins, il y en a qui aiment qu’on célèbre leur gloire et qui n’aiment pas célébrer le mérite des autres, et qui finiront par nous dire que le Bénin n’appartient plus aux Béninois.
Le spectateur joyeux !